LA GUERRE SELON DONALD LAMBIE- Troisième Épisode

La dernière fois que nous avons vu notre ami dans La guerre selon Donald Lambie Épisode 2, il était en route pour Bellaria depuis un centre de transit du personnel dans le sud de l’Italie, après avoir terminé un bref cours de remise à niveau pour pilote de Spitfire à Guado, en Italie.

Après plus de deux ans de cours intensifs, d’entraînement tactique et 346 heures de vol à son actif (114,5 en double commande et 231,5 en solo, dont 61 sur Spitfire), il était temps de passer d’élève pilote à guerrier.

Le 7 mars il a reçu l’ordre de rejoindre le 417e Escadron de l’ARC à un aérodrome capturé des Italiens, situé à Bellaria, sur la côte Adriatique, sur la côte est de l’Italie, mais 700 km plus au nord.

L’escadron 417 Ville de Windsor est au combat depuis que l’unité a été mise sur pied à la fin de novembre 1941 à RAF Charmy Down (si jamais quelqu’un a besoin d’un bon nom pour une marque de papier hygiénique. L’escadron est passé à l’état pleinement opérationnel sur des Supermarine Spitfire en février 1942 et a été aussitôt employé à des missions de patrouille de convois jusqu’en mars, date à laquelle l’escadron et ses appareils ont été transférés en Écosse en préparation au service outre-mer.

Les pilotes du 417e, le soutien au sol et l’état-major se sont déplacés en Égypte en juin 1942, car son personnel navigant a été affecté à l’unité de livraison d’aéronefs. En septembre, l’escadron reprend ses opérations, demeurant dans la région de Suez pour des missions défensives. L’escadron passe aux patrouilles offensives en février 1943 et, après la neutralisation de la Tunisie, se rend à Malte. Au cours de cette période, l’un des commandants d’escadrille est le légendaire James « Stocky » Edwards, le Faucon de Martuba. Jusqu’à sa récente mort, à près de 101 ans, il était l’as de combat aérien le plus célèbre du Canada et du Commonwealth. Après cette période, le 417e Escadron a connu un déclin et a acquis la réputation d’avoir un moral bas et peu d’agressivité. Tout change avec l’arrivée d’un nouveau commandant — le chef d’escadron Stan « Bull » Turner, un vétéran de la bataille d’Angleterre du 242e Escadron canadien, et d’un nouveau commandant d’escadrille — le lieutenant d’aviation Albert Houle, deux hommes au statut de guerriers légendaires. Houle effectuera une autre période de service en tant que commandant du 417e Escadron et forgera la nouvelle réputation bien méritée de son escadron en tant qu’unité respectée et agressive, appelée en appui par la Huitième Armée à travers l’Italie.

L’unité a ensuite été déployée dans le cadre de patrouilles de couverture pour le débarquement en Sicile en juillet 1943, où elle s’installe une semaine plus tard. Elle fournit un soutien rapproché pour les débarquements en Italie en août et septembre tout en se déplaçant à travers ce pays. Pour le restant de l’année, l’unité est en action pendant la campagne d’Italie et au début de 1944, elle soutient les débarquements d’Anzio. Elle est engagée dans la bataille d’Anzio jusqu’en juin, puis se déplace vers le nord pour effectuer des patrouilles et escorter des bombardiers. Elle a volé en soutien à la 8e Armée et effectuait ce type de soutien aérien rapproché lorsque Lambie les a rejoints. Il s’agissait du type de patrouilles de combat pour lesquelles Lambie s’était particulièrement entraîné au Canada et en Égypte. Il ne fait aucun doute que Lambie avait entendu parler d’Edwards, de Turner et de Houle et de l’appui rapproché à basse altitude que fournissait le 417 et qu’il était fier et excité d’intégrer l’escadron.

Bien que Lambie ait reçu ses ordres le 7 mars, il n’a rejoint l’escadron à Bellaria que le 15 mars, ce qui me porte à croire qu’il a fait le long voyage en camion ou en train, ou plus probablement les deux. Son carnet de vol ne mentionne pas de vol, pourtant c’est de cette façon qu’il s’est déplacé entre l’Égypte et Naples. L’un ou l’autre mode de transport terrestre aurait nécessité de multiples arrêts, des changements de transport et des endroits pour manger et dormir en cours de route.

Les opérations du 417e Escadron à Bellaria en Italie
15 mars — 2 mai 1945

Lambie a rejoint l’escadron le jeudi 15 mars 1945, soit deux ans, cinq mois et une semaine après son enrôlement. C’était un long, très long, chemin vers la guerre et il ne fait aucun doute que le jeune homme de NDG était heureux d’être enfin « opérationnel ». Au même moment, ses amis ontariens Jack Leach et Chuck Urie de Windsor, Ontario, ainsi que Al White et Tony Whitlock de Toronto et Bob Latimer de Seeley’s Bay près de Kingston l’ont rejoint à l’escadron. Lambie est affecté à la section « B » sous la direction du lieutenant d’aviation Ralph Waldo « Nick » Nickerson. Le commandant de l’escadron était le chef d’escadron David Goldberg, DFC (Croix de service distingué dans l’aviation), un pilote de chasse très expérimenté de Hamilton, en Ontario.

Lorsque Lambie s’est joint au 417e Escadron en mars 1945, celui-ci était dirigé par le chef d’escadron David Goldberg, DFC, de Hamilton, en Ontario. Lorsque la guerre a éclaté en 1939, Goldberg venait d’obtenir un diplôme en administration des affaires de l’Université de Boston. Il est immédiatement rentré au Canada et a tenté de s’engager dans l’armée canadienne, mais a été refusé. Il s’est joint à l’ARC un an plus tard et, après avoir obtenu ses ailes, il a été affecté à une base d’entraînement au Canada. À la fin de décembre 1942, il s’est rendu outre-mer pour suivre un entraînement pour avion de chasse Spitfire et a été affecté au 416e Escadron de l’ARC à l’été 1943, suivi peu après par une affectation au 403e Escadron de l’ARC. Lors de sa 80e mission, son Spitfire a été endommagé par la DCA et il a effectué un atterrissage d’urgence dans le champ d’un fermier. Sachant qu’en tant que juif, son sort serait misérable si les Allemands le capturaient, il a enterré ses plaques d’identité et s’est enfui. Il réussit à éviter la capture et, avec l’aide de la Résistance française, s’échappe en passant par Paris, Toulouse, puis les Pyrénées jusqu’en Espagne. Il retourne en Grande-Bretagne et, après une période de rétablissement, se voit confier le commandement du 417e Escadron en novembre 1944. Après la guerre, M. Goldberg a obtenu son diplôme en droit et, tout en exerçant sa profession à Hamilton, il a continué de piloter des chasseurs Mustang et Vampire avec la réserve de l’ARC jusqu’en 1958. Il est décédé en 2006 à l’âge de 89 ans. Pour en savoir plus sur Goldberg lorsqu’il faisait partie du 416e Escadron, cliquez ici. Photo vie Hamilton Jewish News

Enfin arrivé, Lambie, pilote de chasse non initié au combat, n’était pas encore apte pour être envoyé en mission immédiatement. Il effectue ses deux premiers vols d’entraînement le 18 mars, puis un autre le jour suivant. Après trois heures de vol en tant que pilote du 417e, on lui confie une petite sortie de 30 minutes pour tester un Spitfire réparé. Lorsque Goldberg et Nickerson le considèrent comme prêt au combat, son nom est inscrit sur le tableau des opérations de l’escadron pour la première fois.

Le 20 mars, à bord du Spitfire AN-C, Lambie effectue sa première sortie de combat — une reconnaissance armée d’une heure et demie avec une bombe de 500 livres fixée au support ventral de son appareil. Il décolle de Bellaria vers 16 heures en compagnie de cinq autres Spitfire du 417e, commandés par le Capitaine d’aviation Karl Linton. Les six appareils effectuent une reconnaissance étendue par temps brumeux en remontant la rivière Piave vers Belluno, une distance de plus de 200 kilomètres. Rien à signaler jusqu’à ce qu’ils tournent pour rentrer chez eux et survolent le port de Venise qui était toujours sous contrôle allemand. Là, ils repèrent un navire motorisé de 100 pieds qui prenait le large et Linton en a profité pour l’attaquer avec des canons et des bombes. Les six bombes ont manqué leur cible, une a passé très près et une autre s’est égarée pour s’écraser sur la digue. Au cours de cette attaque, Lambie a reçu des tirs d’une DCA intense de calibre léger pendant son piqué, mais ils s’en sont tous sortis sains et saufs. Sur le chemin du sud vers Bellaria, ils ont également mitraillé un camion, un véhicule utilitaire lourd et une barge. Ils ont atterri ensemble à 19 h 30.

 

Dans le carnet de vol de Lambie, il note à peu près la même chose que l’ORB : « 1st Op. trip. Bombe large. Int. L.F in Dive "Saw 1 Puff !!! ». Il avait attendu longtemps pour cela et, lors de sa première mission de combat, il a été confronté à la fois à la DCA, a effectué au mitraillage et un bombardement. Ses quatre missions suivantes se sont toutes déroulées à bord du Spitfire AN-C. Lors de la première de ces quatre missions, une reconnaissance à longue distance avec un bidon auxiliaire de 45 gallons attaché au fuselage, il note avec enthousiasme qu’il a vu les Alpes depuis le ciel. Les trois autres sorties l’ont amené à effectuer des missions similaires — bombarder des barges dans la Piave, des lignes de communication à Conegliano-Vittorio et des lignes ferroviaires près de Montebelluna, à quelques kilomètres au nord-ouest de Trévise. Il effectue trois autres vols en mars, mais un seul est une sortie de combat : il coupe les lignes ferroviaires près de Padoue et de Castlefanco le 31. À la fin du mois de mars, Lambie est un pilote de chasse d’attaque aguerri, avec 9,5 heures opérationnelles dans son carnet de vol et 63 heures sur Spitfire au total. Il n’y avait aucune activité aérienne ennemie à proprement parler lors de ces vols. Le danger venait du sol.

 

Le 1er avril 1945 était à la fois le 21e anniversaire de l’Aviation royale du Canada et le dimanche de Pâques. Lambie a effectué deux missions ce jour-là. Sous un ciel partiellement nuageux, la première était un bombardement en après-midi, à bord d’un Spitfire Mk VII immatriculé AN-R, sur une ligne ferroviaire entre Vicenza et San Bonifacio, à 30 kilomètres à l’est de Vérone. Le groupe de six avions dont faisait partie Lambie a réussi quatre coups directs et deux très proches. Une heure et demie après leur décollage, ils se sont posés en toute sécurité à Bellaria. Malgré ce jour prometteur, Lambie est maintenu au sol à 5 minutes d’alerte. Il a été affecté à AN-H plus tard dans l’après-midi, mais il a été rappelé et était de retour au sol en 20 minutes. C’était peut-être l’anniversaire de l’ARC et le jour de Pâques, mais c’était aussi le jour du poisson d’avril, et Lambie l’a bien noté dans son carnet de bord à côté de l’alerte de 20 minutes : « Rappelé. Fausse alerte. Jour du poisson d’avril ». Je doute qu’il ait voulu dire que c’était une blague, seulement une coïncidence… mais je ne suis pas sûr.

Les Spitfires du 417e Escadron décollent à intervalles de cinq minutes à Bellaria, sur la côte Adriatique (entre Rimini et Ravenne). La tour de contrôle se trouve dans la coupole sur le toit du bâtiment à droite. Lambie et ses confrères pilotes faisaient exactement ce qu’on leur avait enseigné au Camp Borden — fournir un appui au sol aux forces alliées qui repoussaient les Allemands plus loin le long de la botte italienne jusqu’en Autriche. Photo : Collection de Donald Lambie

Une photo prise depuis l’aérodrome de Bellaria, en Italie, montrant un camion de l’escadron 601 City of London roulant sur la route périphérique. Lambie qualifie le camion de « boîte à biscuits » sous la photo, ce qui devait être leur surnom pour ce type particulier. Au loin, à gauche, nous voyons les tentes de l’escadron. Le bâtiment blanc au centre est identifié comme le mess et les quartiers des officiers de l’aérodrome. Le bâtiment plus sombre (un ancien sanatorium pédiatrique pour tuberculeux) à droite est identifié comme le bureau d’entraînement, qui abritait également le « Windsor Club » pour les officiers. Photo : Collection de Donald Lambie

Le Sous-lieutenant d’aviation Vern A. Herron et le Lieutenant d’aviation Douglas A. Love (à l’arrière) et le Capitaine d’aviation Tony Bryan, DFC et le Commandant d’escadrille « A », le Lieutenant d’aviation Karl Linton (à l’avant) au repos près des tentes à l’extérieur du mess à Bellaria Photo : Collection de Donald Lambie

Lambie prend en photo une aire de trafic boueuse du 417e Escadron à Bellaria avec le Supermarine Spitfire Mk VIII, JF627 au premier plan. Ce Spitfire particulier n’a été piloté par Don Lambie qu’à une seule occasion — lors d’une longue reconnaissance à quatre Spitfire dans la zone située au nord de Venise, de Conegliano à Udine. Ils sont revenus avec le signalement : « Aucun mouvement repéré, rien à signaler, pas de DCA ». Selon airhistory.org.uk, un excellent registre en ligne de la liste complète de production des Spitfire, le Spitfire JF627 portait le code d’escadron AN-M. Cette photo prouve que c’est faux. Le Spitfire connu sous le nom de AN-M portait en fait le numéro de série JF672 (les deux derniers chiffres étant inversés). Pour les amateurs de détails, voici une liste de tous les Spitfire du 417e Escadron pilotés par Lambie (le nombre de fois où il les a pilotés est entre parenthèses) : LZ923 (35), JF423 (6), EN580 (4), MH770 (2), JG242 (2), MK148 (2), MJ366 (2), EN462 (2), MK284 (1), JG197 (1), JF627 (1), JG495 (1), JG337 (1), NH352 (1), et MH554 (1). L’encre du timbre d’adresse personnel de Lambie, au dos, a pénétré le document après 80 ans. Photo : Collection de Donald Lambie

Bob Latimer, Karl Linton et « un des gars » avec le camion de service Chevrolet sur l’aire de trafic à Bellaria. On peut voir les Spitfires de l’escadron au loin à droite et les avions de liaison Auster à gauche. J’aime tellement cette scène — un jeune canadien en Italie lisant des lettres de ses proches, assis sur un camion canadien avec une feuille d’érable canadienne sur la porte et des Spitfires canadiens au loin. Photo : Collection de Donald Lambie

Le camion CMP (Canadian Military Pattern) (voir photo précédente) a été fabriqué par centaines de milliers par Ford et Chevrolet à Oshawa, en Ontario, pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a été configuré de nombreuses façons différentes, allant de citerne à carburant à voiture de commandement en passant par camion de cargo. Photo via Yorkshire Air Museum

Une journée à la plage

L’aéroport allié de Bellaria, dans la province de Rimini, n’était qu’à quelques centaines de mètres des eaux bleues de la mer Adriatique. Vers le début du mois d’avril 1945, Lambie et un groupe de pilotes du 417e se promènent l’après-midi sur la plage, habillés selon la fraîcheur du début du printemps. Là, avec le soleil qui brille faiblement et le vent qui les décoiffe, ils posent pour l’appareil photo de Lambie. Ces photos, bien que n’étant pas des photos de guerre typiques, montrent que les jeunes hommes du 417e étaient vraiment des frères d’armes. Sur la plage, ils ont pris le temps de se détendre un peu après des années d’entraînement et, comme dans le cas de certains pilotes comme Tony Bryan, des années de combat.

Les photos que Lambie a prises ce jour-là montrent de jeunes hommes qui semblent ne pas savoir quoi faire d’eux-mêmes — posant de manière raide et quelque peu embarrassée dans un endroit qui semble les supplier d’enlever leurs bottes et de se promener dans les vagues et le sable. Seul Tony Bryan semble détendu, tandis que Bob Latimer, comme toujours, fait le clown. Ce sont des moments intimes qui nous en disent plus sur ces guerriers que les clichés typiques de héros. Les équipes de pilotes sont curieuses, peut-être des meilleurs amis à la recherche d’un souvenir de leurs journées ensemble en Italie. Lambie était là avec sa caméra pour créer ces souvenirs.

Le lieutenant d’aviation Anthony John Adrian « Tony » Bryan, DFC, chef de vol B, se détend sur la plage de Bellaria avec un habillement de vol qui n’a rien à voir avec la plage. Né en 1923 au Mexique de parents britanniques, Tony a étudié en Angleterre à l’école préparatoire de St. Richard, puis au collège Ampleforth. En 1942, il s’engage dans l’Aviation royale du Canada (ARC) et rejoint le 403e escadron dans le sud de l’Angleterre. Il a effectué plus de 250 missions et quelques semaines avant le jour J, il a été abattu par des tirs antiaériens au-dessus de la France occupée par les Allemands. Il fuit les Allemands et finit par retrouver des membres de la Résistance. Après cinq mois passés à aider les combattants français locaux, il retourne en Angleterre, rejoint son escadron et continue à effectuer des sorties depuis Kenley, avant d’être transféré en Italie. Après la guerre, Tony quitte l’ARC et fréquente le Harvard College, puis la Harvard Business School. Ses réussites dans le monde des affaires sont tout simplement spectaculaires — de vice-président de Monsanto à directeur de Federal Express, en passant par président du fonds de pension de Chrysler, Koppers Corporation, AMRO Bank, PNC Financial Group, Imetal (Paris), First City National Bank of Houston et Hospital Corporation of America International. Il était membre de nombreux clubs de golf et clubs sociaux, notamment le Gulfstream Country Club (Floride), le Sunningdale Golf Club (Londres), le Union Club (New York) et le prestigieux Augusta National Golf Club, où se déroule le tournoi des Masters. Il a terminé deuxième du championnat national américain de squash en double en 1957. Il a été un champion de natation, se qualifiant presque pour l’équipe olympique américaine avant la Seconde Guerre mondiale. Il a continué à voler après la guerre, pilotant un Super Decathlon ainsi qu’un SIAI Marchetti. Il aimait faire des démonstrations de ses talents de pilote à tous ses amis jusqu’à huit semaines avant sa mort. Il est décédé en Floride à l’âge de 86 ans. Photo : Collection de Donald Lambie

Tony Bryan a été abattu près de Saint-André-de-l’Eure (Batigny) en France en mai 1944 et a passé plusieurs mois comme invité de la Résistance française. Il était inconscient lorsqu’il a été retrouvé dans l’épave de son Spitfire et a été soigné par la famille de Marcel Glanard. On le voit ici, alors qu’il fuyait l’ennemi, avec Marguerite Glanard et sa fille Ginette dans leur ferme. Dans l’écrasement, Tony Bryan avait perdu sa montre que son père lui avait donnée avant la guerre. Marcel est retourné à l’épave et l’a trouvée avant que les Allemands n’aient enlevé l’épave. Photo : Via Micka Perier

L’adjudant Michael James Carroll et le lieutenant d’aviation Alfred Alcide Desormeaux (alias « Des » ou « Bug Eyes ») sur la plage de Bellaria. Mike Carroll de Toronto et Tony Whittingham, le vieil ami de Lambie, ont tous deux quitté l’escadron peu après son arrivée à Bellaria à la mi-mars, ce qui situe ces photos de plage à la fin mars ou au début avril 1945. Whittingham est simplement passé au 241e Escadron à Bellaria et Carroll, selon l’ordre de bataille, était toujours dans l’escadron, mais « en attente d’ordres ». Âgé de 26 ans, « Bug Eyes » Desormeaux était un producteur laitier de Winchester, en Ontario, une petite ville au sud d’Ottawa. Il s’était joint à l’ARC en 1941, s’entraînant aux mêmes (École élémentaire de pilotage ( EFTS ) et École de pilotage militaire (SFTS) que Lambie et rejoint la guerre en février 1945. Photo : Collection de Donald Lambie

Bottes brillantes ou sales ? Le lieutenant d’aviation George Herb Slack, de la région rurale de Merivale, en Ontario, et Vern Herron, de Toronto, se retrouvent sur une plage ensoleillée de la mer Adriatique — aussi loin de chez eux qu’ils auraient pu l’imaginer quelques années auparavant. Photo : Collection de Donald Lambie

Vern Herron, sur la photo précédente, était originaire de Toronto, en Ontario. De retour au Canada à la fin de la guerre, il s’inscrit à l’école de dentisterie de l’Université de Toronto en 1949. Il attrape une pneumonie et, admis à l’hôpital, il rencontre sa future femme qu’il épouse en 1955. Il a installé son nouveau cabinet dentaire dans la ville d’Orillia, au nord de Toronto, et y a élevé sa famille. Malheureusement, en 1973, à tout juste 51 ans, il meurt d’une crise cardiaque massive et inattendue dans son sommeil. Photo : Dr. Vernon A. Herron Collection via daughter Marci Csumrik

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Le Lieutenant d’aviation George Herb Slack à bord du Spitfire AN-Z à Bellaria en avril 1945. Le 25 avril, alors qu’il décollait avec les lieutenants d’aviation Jack Leach et Tony Bryan pour une mission Rover (vols de reconnaissance armés pour attaquer des cibles d’opportunité), le Spitfire de Slack a crevé un pneu et la bombe de 500 livres qu’il transportait s’est dérochée et a roulé sans exploser. Le Spitfire, numéro de série de la RAF MJ366, est jugé comme une perte totale. Photo : Collection de Donald Lambie

G. Herb Slack a obtenu son brevet de pilote au 1er École de pilotage militaire (SFTS), Camp Borden, le 12 novembre 1943, quelques semaines avant que Lambie n’obtienne le sien à Saint-Hubert. Il était un ami proche de Lambie au sein du 417e Escadron. Il était originaire d’une petite communauté appelée Westboro, près d’Ottawa, qui est aujourd’hui une banlieue centrale de la ville. Certains documents indiquent que son domicile était « Merivale », une communauté encore plus petite située juste au sud de Westboro. Je n’ai trouvé qu’un seul article faisant référence à Herb Slack dans les journaux grand format d’Ottawa dans les années 1940, et c’était le 17 avril 1947. On peut voir Herb à l’extrême gauche dans cette rangée de joueurs de softball de Merivale recevant le trophée Bracken en tant que champions de softball du comté de Carleton. Aujourd’hui, l’une des rues importantes de la ville de Merivale s’appelle Slack Road. Photo via Newspapers.com

Presque toutes les photos de Bob Latimer dans l’album de Lambie montrent un homme qui aime s’amuser. Peut-être que sa forte personnalité allait de pair avec sa petite taille. Ici, sur la plage de Bellaria, il enfile un casque allemand du style Stahlhelm et fait le clown dans l’épave abandonnée d’une « Kübelwagen » (Jeep) allemande qui a été dépouillée de ses pneus, de ses phares et de sa roue de secours par les habitants. Le panneau allemand pillé signifie quelque chose comme « Pull Up », probablement annonçant un poste de contrôle nazi. Une casquette M42 de l’infanterie allemande est accrochée au cadre vide du pare-brise. Photo : Collection de Donald Lambie

Il semble que le panneau routier de contrôle « Klimmesch » était un accessoire populaire pour les photos. Ici, nous voyons l’ami de Lambie de l’Unité d’entrainement opérationnel (OTU) Spitfire, le lieutenant d’aviation Jack Leach, se tenant à côté des attelages pour chevaux et caissons d’artillerie de l’armée allemande abandonnés le long d’une route près de Bellaria. Curieux, nos gars ont fait plusieurs visites sur le front à la recherche de souvenirs et d’informations. L’inscription au verso de cette photo indique : « Tout n’était pas moderne, loin de là ! !! Ces 88 ». Ces attelages étaient peut-être adaptés pour remorquer le redoutable et polyvalent canon allemand de 88 mm. Photo : Collection de Donald Lambie

Le mois d’avril a été une période de vol très active pour Lambie, avec 44 vols inscrits dans son carnet de vol. Normalement, il effectuait deux sorties quotidiennes et les 7, 13, 16, 19 et 21 avril, il a effectué trois sorties par jour. Chaque sortie impliquait une sorte de reconnaissance, de bombardement ou le mitraillage de cibles terrestres ennemies. Huit de ces vols étaient des opérations « Rover Paddy » et six étaient des « Rover Davids » — les noms Paddy et David indiquaient différents types de vols « Rover » dans la RAF. Voici une excellente description du concept Rover de la campagne d’Italie, tirée d’un article de Wikipedia sur le contrôle aérien avancé :

Lorsque la campagne d’Italie a atteint Rome, les Alliés avaient établi une supériorité aérienne. Ils étaient alors en mesure de programmer à l’avance les frappes des escadrons de chasseurs-bombardiers ; cependant, lorsque les avions arrivaient dans la zone de frappe, les cibles, qui étaient généralement des camions, avaient souvent disparu. La solution initiale aux cibles fuyantes était le système britannique Rover. Il s’agissait d’un jumelage de contrôleurs aériens et d’officiers de liaison de l’armée au front ; ils étaient capables de faire passer les communications d’une brigade à l’autre de façon ininterrompu — d’où le système « Rover ». Les avions d’attaque arrivaient avec des objectifs préétablis, qu’ils frappaient 20 minutes après leur arrivée dans la zone, uniquement si les Rover ne les avaient pas dirigés vers un autre objectif plus urgent. Les Rovers pouvaient faire appel à l’artillerie pour marquer les cibles à l’aide d’obus fumigènes, ou indiquer aux chasseurs les coordonnées cartographiques, ou encore se contenter d’une description des caractéristiques du terrain pour orienter les pilotes. Cependant, l’un des inconvénients des Rovers était la courte durée de service des pilotes, qui étaient là pour des périodes de deux semaines, ce qui ne permettait pas de mémoire corporative. Les commandants américains, impressionnés par les Britanniques lors du débarquement de Salerne, adaptèrent leur propre doctrine pour inclure de nombreuses caractéristiques du système britannique.

Les indicatifs d’appel des Rovers étaient « Rover Paddy » et « Rover David » pour la RAF ; les noms étaient ceux des pilotes de chasse qui en avaient eu l’idée.

Plusieurs éléments du carnet de vol de Lambie m’ont beaucoup intéressé au cours du mois d’avril. Le 9, Lambie a volé dans une formation de 12 avions chargée de bombarder l’infanterie allemande retranchée dans le cadre de l’offensive Senio, la dernière grande offensive terrestre alliée de la campagne d’Italie. L’ORB de l’escadron du 11 avril indique que :

« 37 sorties aujourd’hui ont permis à l’escadron de tourner à plein régime. Les gars disent que la vue de l’opération depuis les airs est formidable, mais qu’il est dangereux de faire du tourisme à cause du nombre d’avions. »

Membre de la section rouge, Lambie a également mitraillé les positions ennemies à 2 reprises le 9 avril et note « Forte quantité d’avions ennemis dans la zone !! ». Il s’agit du premier vol de Lambie sur Spitfire Mk IX AN-T (numéro de série LZ923) qui allait devenir son appareil personnel. À partir de ce jour, Lambie pilotait presque exclusivement AN-T et a fini par le piloter lors de 35 opérations et vols spéciaux. Il pilotera l’AN-T tout au long de l’offensive de Senio, puis dans le cadre d’un Balbo de la taille d’un escadron pour célébrer la victoire en Europe à la fin de la guerre. Lorsque les jours de guerre du 417e ont pris fin en mai, Lambie a piloté AN-T jusqu’à Udine en juin et l’a rendu à la RAF. Il n’a plus jamais volé dans un Spitfire.

Tout n’était pas que tourisme et succès. Même si la guerre touchait clairement à sa fin, il y avait de nombreux rappels des dangers auxquels tous les membres de l’escadron 417 étaient confrontés. La DCA était le problème principal, tout comme le manque de concentration. Le 8 avril, le lieutenant d’aviation Roy Cotham, de Pembroke, en Ontario, explose en plein vol lors d’un bombardement en piqué contre une voie ferrée. Selon l’ORB, cet événement est inexplicable, car aucun des deux autres pilotes participant à l’attaque n’a vu de DCA. L’ORB indique que « la perte de Roy est ressentie de manière très vive, car il était l’un des gars les plus populaires du mess et un pilote à toute épreuve ».

Un autre confrère d’entraînement de Lambie, le lieutenant d’aviation Philip John « Mac » McNair d’Edmonton, Alberta, qui était affecté au 241e Escadron de la RAF (également rattaché au groupe de Bellaria) a été touché par la DCA le 12 avril. Il a subi des dommages catastrophiques à ses gouvernes de profondeur, mais a réussi à maintenir son avion en vol pendant un bon moment. Cependant, à « environ 9000 pieds au-dessus de l’aérodrome de Cervia (à seulement 15 kilomètres de chez lui), alors qu’il volait en ligne droite vers Bellaria, il a été vu en train de basculer sur le dos et partir en vrille pour s’écraser en mer ».

Le 16 avril, un autre pilote du 417e, le lieutenant d’aviation John Thomas « Jack » Rose, de Chapleau, en Ontario, est abattu par la DCA lors d’une opération Rover David, alors qu’il mitraillait des tranchées. D’autres membres de l’escadron ont été témoins de son écrasement et de sa mort.

Le Lieutenant d’aviation Frank Doyle, de Vancouver (Colombie-Britannique), n’est pas revenu de sa sortie le 22 avril. Personne ne savait ce qu’il était devenu, si bien que l’on supposait qu’il avait été tué ou capturé. En fait, il est réapparu trois jours plus tard après avoir échappé à la capture derrière les lignes ennemies avec l’aide de « paysans » italiens (selon l’ORB).

Camarades perdus. Le Lieutenant d’aviation Roy Cotnam (à gauche) de Pembroke a été tué le 8 avril et le Lieutenant d’aviation Jack Rose (au centre) de la ville forestière et ferroviaire de Chapleau, en Ontario, le 16. Le lieutenant d’aviation « Mac » McNair du 241e Escadron, d’Edmonton (Alberta), est mort le 12. Photos : Canadian Virtual War Memorial

Le seul accident qu’a connu Lambie en Spitfire en temps de guerre constitue l’autre événement intéressant du mois d’avril. Le 26 avril, il décolle à l’aube pour une reconnaissance armée d’une heure et demie avec deux bombes de 250 livres sous les ailes en compagnie de Karl Linton, G.P. Hope, Vern Herron, Chuck Holdway et Soupy Campbell. Ils ont bombardé un pont routier — plutôt sans succès — et sont rentrés à la base. À l’atterrissage, quelque chose s’est produit — probablement un tête à queue, un pneu crevé ou un effondrement du train d’atterrissage — mais l’ORB n’en fait même pas mention. Lambie, cependant, le note d’un air penaud dans son carnet de bord — « Bombardement NM, premier et dernier pépin, je l’espère ! ». S’il a abordé le dernier mois de la guerre en pensant que ce serait un jeu d’enfant, la mort de ses amis et l’atterrissage de justesse à Bellaria lui ont rappelé que chaque jour pouvait être son dernier.

Les notes du carnet de vol de Lambie sont truffées d’acronymes comme « NM ». Sur les deux pages consacrées au mois d’avril, il y a beaucoup de NM (Near Misses—Cible presque touchée) et de VNM (Very Near Misses—Cible ratée de très près)) et seulement trois D/H (Direct Hits—Cible touchée directement). Cela ne reflète pas les compétences de Lambie en matière de bombardement, mais plutôt les difficultés et les dangers associés au bombardement en piqué avec un chasseur de supériorité aérienne à basse altitude à travers la DCA. En général, les opérations de Lambie duraient entre une heure et une heure et demie, mais à plusieurs reprises, il a fixé des réservoirs de longue portée (des réservoirs externes de 45 ou 90 gallons fixés sous le fuselage entre les ailes) ce qui lui a permis des missions de deux heures. Le 4 avril, il effectue sa plus longue mission — deux heures et dix minutes d’escorte de protection au-dessus de 16 B-26C Marauders de l’armée de l’air sud-africaine. Ils appartenaient au 30e escadron envoyé pour bombarder les gares de triage de Gorizia, près de la frontière yougoslave.

Les pilotes et le personnel au sol du 417e Escadron participent à un « grand jeu de dés » en attendant que les « Wing-Ops » identifient où se trouve le front « pour que les appareils puissent décoller ». Ce sont des photos personnelles et candides comme celle-ci qui distinguent la collection Lambie des photos d’autres aviateurs alliés. Elles nous permettent de voir comment ils géraient l’ennui entre les missions. Leur tenue vestimentaire nous montre qu’il fait encore frais en mars dans cette partie de la côte Adriatique italienne. Photo : Collection de Donald Lambie

Adjacente à l’aérodrome de Bellaria, l’escadre réquisitionne comme quartier général, et mess des officiers, la Colonia Pavese, un sanatorium italien pour jeunes tuberculeux qu’on rebaptise le « Windsor Club ». C’est là qu’ils se réunissent et visionner des films, comme le 3 avril, lorsqu’ils s’amusaient à regarder la comédie Roughly Speaking, avec Rosalind Russell, Jack Carson et Alan Hale Sr. Le film est réalisé par Michael Curtiz, le réalisateur du film Captains of the Sky, drame sur la formation des pilotes dans le cadre du Programme d’entraînement aérien du Commonwealth britannique (avec également Alan Hale Sr.). L’ORB mentionne fréquemment le Windsor Club, comme cette note sur le soir de la projection de Roughly Speaking : « Le bar est superbement garni de ses nouvelles bouteilles de vin, de cognac, etc., grâce aux récents efforts du responsable du bar, le lieutenant d’aviation L. A. Thomas ». Photo : Collection de Donald Lambie

Une carte postale des années 1930 de la Colonia Pavese à Igea Marina Bellaria, connue localement sous le nom de « Pavia ». D’après ce que je peux déterminer, il s’agissait d’une sorte de sanatorium pour les enfants susceptibles de contracter la tuberculose. Avant et après la guerre, les plages de l’Adriatique entre Rimini au sud et Revenna au nord étaient des destinations touristiques très prisées par les Italiens de la classe moyenne. C’était un cadre idyllique pour les enfants et les jeunes qui devaient y passer un séjour forcé, loin de leurs familles, pouvant durer jusqu’à un an. Le bâtiment a été démoli en 1984.

Ce n’est pas le bâtiment le plus distingué, mais il abritait les quartiers des officiers de l’escadron 417 à Bellaria, en Italie, pendant le séjour de Lambie. On peut voir l’arrière de la Colonia Pavese à droite. Photo : Collection de Donald Lambie

Tony Whittingham, confrère de Lambie depuis leurs jours ensemble à l’Unité d’entrainement opérationel (OTU) No. 1 à Bagotville au Québec, rend visite à son ami dans les quartiers des officiers du 417e Escadron à Bellaria. Whittingham est affecté au 417e Escadron quelques semaines avant l’arrivée de Lambie, mais il est transféré au 241e Escadron de la RAF, une unité de chasse similaire à celle du 417e Escadron, qui fait partie de la 244e Escadre du 211e Groupe de la Desert Air Force (DAF). Il poursuivra une brillante carrière dans la fonction publique canadienne, prenant sa retraite en tant que sous-ministre adjoint des Affaires étrangères. Photo : Collection de Donald Lambie

Tout au long de son parcours, Lambie se faisait des amis et charmait les dames… même les Italiennes de Bellaria. Ici, son bon copain d’escadron Jack Leach se tient dans l’entrée de la porte arrière du quartier des officiers avec trois femmes, de gauche à droite : Maria, « Butch » [guillemets de Lambie] et une parente de Maria. Photo : Collection de Donald Lambie.

Quelle équipe disparate ! « Tiny » Lalonde (probablement membre de l’équipe au sol), le lieutenant d’aviation « Bug Eyes » Desormeaux (accroupi), un membre non identifié de l’équipe au sol, le lieutenant d’aviation Larry Thomas, l’officier du mess et un autre membre de l’équipe au sol se dégourdissent les jambes à côté d’un camion CMP du 417e Escadron « lors d’une excursion touristique au front ». Photo : Collection de Donald Lambie

Lambie termine le mois d’avril par deux sorties plus longues que d’habitude. Le 29, Lambie, mené par le chef d’escadron David Goldberg et en compagnie de All White, Vern Herron, Johnnie Johnson (pas le Johnnie Johnson) et « Lard » Langford, décolle à près de 19 heures pour une opération de mitraillage et de reconnaissance le long de la vallée de la rivière Piave. Ils portent chacun un réservoir de longue portée de 45 gallons fixé sous le fuselage et grimpent dans un ciel brumeux. Sur la route entre Conegliano et Codega, ils repèrent plusieurs convois de camions stationnaires totalisant plus de 100 véhicules et les mitraillent sans réponse de la DCA ennemie. Ils rapportent que trois camions de 3 tonnes ont été détruits, tous ont « pris feu, et un a explosé », 20 véhicules mixtes endommagés, des véhicules de combat blindés (semi-chenillés et à roues) avec plus de 20 feux allumés quand la section a quitté la zone. Lorsqu’ils atterrissent à Bellaria, il est presque 21 heures et c’est le premier atterrissage de nuit de Lambie à bord d’un Spitfire.

Le 30, il se tenait prêt à intervenir avec un réservoir aérodynamique de 90 gallons fixé ventralement pour parer à toute éventualité et a été appelé vers 18 heures avec le sous-lieutenant A. D. « Dougal » Gibson pour participer à une recherche de sauvetage air-mer. Ils se sont dirigés à une dizaine de kilomètres au nord de Ravenne, où ils ont aperçu l’épave d’un Spitfire 601 City of London à une dizaine de pieds du rivage, à l’extrémité nord des lagunes de Valli di Comachio, près de leur ville éponyme. Après quelques passages à basse altitude, ils ont pu voir des traces de pas dans le sable autour de l’avion abattu s’éloignant de l’épave. Lors de l’atterrissage à Bellaria, ils n’ont signalé aucun signe du pilote, mais ont cru qu’il était sain et sauf. Le pilote perdu du 601 était le lieutenant d’aviation Thomas J. Vose, qui avait subi une fuite de glycol après une sortie dans la région de Chioggia (Venise) et avait été contraint d’effectuer un atterrissage sur le ventre (le train escamoté) près d’une lagune saumâtre peu profonde, le plus grand complexe de zones humides d’Italie. Vose n’a pas été blessé et a pu rejoindre l’escadron le jour suivant.

Lambie a photographié son ami Jack Leach dans le cockpit de cette épave totalement détruite d’un Caproni Ca-314 avec Jack Leach à bord. Il est difficile de dire où cette photo a été prise, mais l’horodatage la situe en mars. Les deux seuls aérodromes où Lambie a été affecté en mars étaient Gaudo et Bellaria. Comme Gaudo était un aérodrome construit par les Alliés, il était peu probable d’y trouver des épaves italiennes. Photo : Collection de Donald Lambie Photo : Collection de Donald Lambie

Voici à quoi devrait ressembler le type d’avion figurant sur la photo précédente de Lambie lorsqu’il n’est pas endommagé. Typique de nombreux modèles d’avions italiens de la Seconde Guerre mondiale, le Caproni Ca.314 était un bel avion. Son train d’atterrissage escamotable comportait des guêtres de roues distinctifs. Dérivé du Ca.310, ce monoplan de la taille d’un Avro Anson était utilisé à la fois pour l’attaque au sol et comme bombardier torpilleur. C’était le dérivé du Ca.310 le plus construit, et il comprenait des versions bombardier, escorte de convoi et patrouille maritime, bombardier torpilleur et d’attaque au sol. Photo : via Pinterest

Dès le début du mois de mai, il était évident que les pilotes du 417e Escadron n’auraient plus beaucoup d’occasions de combattre. Le 1er mai, Lambie effectue une dernière sortie de combat — une infructueuse reconnaissance pour mitraillage de deux heures et cinq minutes vers Venise, puis vers le nord-est en direction de la frontière yougoslave. Il n’y avait rien à signaler et aucune cible dans la mire, mais Lambie a rapporté qu’ils ont vu Venise clairement ! C’était sa 50e sortie de combat et lorsqu’il a atterri, c’était sa dernière. Bien que le lendemain, il ait effectué un essai en vol et, plus tard, un certain nombre de vols en formation pour célébrer l’événement, il n’a plus effectué de missions de combat.

Le même jour, l’escadron a reçu l’ordre de se déplacer en masse vers l’aérodrome ennemi capturé à Trévise, à 27 kilomètres au nord-ouest de Venise. Le lendemain, ils étaient déjà en route avec un convoi d’officiers d’état-major, d’aviateurs et d’équipement sous la direction de leur adjudant compétent, le lieutenant d’aviation Doucet. Ils ont quitté Bellaria à huit heures du matin pour parcourir les 210 kilomètres qui les séparaient de leur nouvel aérodrome. Lambie n’a pas de vol enregistré dans son carnet de vol pour le déménagement à Trévise, il était donc l’un des pilotes de service de l’escadron qui a voyagé dans un camion du convoi, l’escadron comptant plus de pilotes de Spitfire que de Spitfire.

Le 2 mai, le jour du grand mouvement vers le nord, les Allemands en Italie se rendent sans condition. Le 417e Escadron, ainsi que toutes les unités de combat et de soutien sur le théâtre italien, reçoivent le message suivant du maréchal Harold Alexander, 1er comte Alexander de Tunis, KG, GCB, OM, GCMG, CSI, DSO, MC, CD, PC (Can), PC

2 mai 1945

Soldats, marins et aviateurs des forces alliées sur le théâtre méditerranéen

Après près de deux ans de combats acharnés et continus qui ont commencé en Sicile à l’été 1943, vous êtes aujourd’hui les vainqueurs de la campagne d’Italie.

Vous avez remporté une victoire qui s’est soldée par la déroute complète et totale des forces armées allemandes en Méditerranée. En débarrassant l’Italie du dernier agresseur nazi, vous avez libéré un pays de plus de 80 millions d’habitants.

Aujourd’hui, les restes d’une armée autrefois très fière ont déposé les armes devant vous — près d’un million d’hommes avec toutes leurs armes, et leurs équipements.

Vous pouvez être fier de cette grande et victorieuse campagne qui restera longtemps dans l’histoire comme l’une des plus grandes et des plus réussies jamais menées.

Aucun éloge n’est assez élevé pour vous, marins, soldats, aviateurs et travailleurs des Forces unies d’Italie, pour votre magnifique triomphe.

Ma gratitude envers vous et mon admiration sont sans bornes et n’ont d’égal que la fierté qui est la mienne d’être votre commandant en chef.

H. R. Alexander

Maréchal,

Commandant suprême des forces alliées,

Théâtre méditerranéen.

Le lendemain, le personnel de la salle des rapports et de la caravane du commandant, ayant réalisé le déménagement, partent eux aussi pour Trévise. Les appareils et leurs pilotes quittent à 16 h 30, laissant un groupe sur place pour nettoyer les traces de leur présence à Bellaria. En route vers Trévise avec la remorque du commandant, ils ont perdu « Toughie », leur mascotte officieuse, un terrier ressemblant à un Jack Russell. Toughie a été perdu lorsqu’il a décidé de sauter d’un camion et de traverser à pied un ponton sur le Pô. De l’autre côté, il a refusé de remonter à bord et la circulation était trop dense pour perdre du temps à l’amadouer. Ainsi, selon l’ORB de l’escadron, Toughie est tout probablement maintenant entre les mains de ses plus grands ennemis : les Italiens !

Les conditions locales lors du voyage vers le nord ont obligé le chroniqueur de l’escadron à décrire la scène de façon graphique :

« Amélioration considérable de la population et de la campagne à mesure que nous avançons au nord du Pô. Au sud du fleuve, on trouve les tas de décombres laissés par nos bombardiers et les gens sans joie qui continuent d’exister dans les villages en ruines. Au niveau du grand fleuve, qui semble être la ligne de démarcation, cette désolation atteint son apogée. Des épaves de canons et de véhicules à moteur bordent les rives et les corps gonflés de chevaux et de bœufs gisent ici et là dans le cours d’eau.

En remontant vers le nord du Pô, les traces de la guerre s’estompent peu à peu ; moins de bâtiments portent les marques des combats urbains ; il n’y a pas de traces de bombardements, et seule la cible manifestement militaire a été réduite à un tas de briques, de poussière et de poutrelles métalliques tordues ».

À Trévise, les pilotes du mess allaient acquérir une nouvelle mascotte sans nom (ci-dessus) pour remplacer Toughie, premier chien perdu lors du déplacement en convoi de camions de Bellaria à Trévise le 2 mai. Photo : Collection de Donald Lambie

Terrain d’aviation à Trévise, mai 1945

Avec leurs appareils maintenant situés à Trévise, l’escadron n’a effectué que quatre sorties opérationnelles le 5 mai, dont un vol météorologique et une « patrouille inoffensive ». Le terrain d’aviation de Trévise a été construit en 1936 et est devenu l’un des plus importants terrains d’aviation de la Royal Italian Air Force (Regia Aeronautica Italiana) dans cette partie de l’Italie. Il abritait un centre d’entraînement de chasseurs de nuit et un nombre variable d’unités opérationnelles de bombardiers, de chasseurs et de reconnaissance. C’était également un terrain de transit pour les avions en route vers et depuis la Grèce, l’Albanie et la Yougoslavie. Les Italiens ont donné au terrain le nom de Giovanni Giannino Ancillotto, un as de la chasse italienne de la Première Guerre mondiale, mais les Allemands, peu romantiques, l’appelaient simplement Flugplatz 222. Après la fin des hostilités, l’endroit est devenu très fréquenté, avec des unités de transport américaines basées ici, ainsi que les Spitfires de la 244e escadre, et de nombreux avions en transit. Bien qu’il s’agisse d’un terrain important, il n’avait pas de piste pavée. L’aire d’atterrissage n’était qu’un grand terrain herbeux (environ 1465 mètres sur 530 mètres) dans la tradition des terrains d’aviation du début de la guerre. Il y avait quatre hangars immenses avec des aires de stationnement pavées pour la maintenance.

Dès leur arrivée à leur nouveau domicile, les pilotes de la 417e ont monté des tentes pour se loger temporairement, mais à la fin du mois, ils avaient réquisitionné une villa vacante à quelques kilomètres du terrain. Trévise sera leur domicile pour le mois de mai et une grande partie du mois de juin.

Jack Leach enlève sa casquette à l’arrière d’un CMP du 417e Escadron après son arrivée à Trévise. Ce CMP a probablement deux ans, mais il en paraît 20. Photo : Collection de Donald Lambie.

Fraîchement arrivé par convoi à Trévise, Jack Leach plante le fanion de l’unité à côté de leurs tentes et des cordes à linge. Photo : Collection de Donald Lambie

Chuck Holdway de Cedars, Québec (maintenant Les Cèdres), sur la rive nord du Saint-Laurent, à l’ouest de Montréal, pose avec sa tente au premier campement de la 417e à Trévise. Les planchers ne sont même pas encore installés. Photo : Collection de Donald Lambie

Récemment arrivés à Trévise, quatre pilotes de l’Ontario s’installent dans leur campement temporaire, en attendant des quartiers plus appropriés. Au premier plan, Al White (à gauche), de Toronto, et Jack Leach, de Windsor, se servent d’un pupitre d’école pour écrire des lettres à leur famille, tandis qu’à l’arrière-plan, Vern Herron (de dos), de Toronto, et Pete Helmer, d’Ottawa, font la vaisselle sous le soleil intense italien. Photo : Collection de Donald Lambie

Une visite au front pour inspecter l’armée allemande vaincue.
7 mai 1945

Peu après leur arrivée à Trévise et alors que l’escadron était encore en train de s’installer sur le terrain d’aviation, un groupe de pilotes et d’aviateurs du 417e Escadron a entrepris une excursion d’une journée en camion et en jeep jusqu’aux lignes du front à Conegliano. À cet endroit ils savaient que les Allemands se rassemblaient pour rendre leurs armes en vue de leur transport vers les camps de prisonniers de guerre. En route, ils ont examiné le matériel endommagé de la Wehrmacht le long du chemin et, une fois sur place, ils ont passé du temps à discuter avec certains de leurs anciens ennemis. Ici, ils ont trouvé de la gratitude parmi la plupart des troupes et encore un certain degré d’arrogance hautaine chez certains officiers. Pendant tout ce temps, Lambie avec son appareil-photo captait les scènes.

Les gars (de gauche à droite G.P. Hope, David Goldberg (C.O.) et Chuck Holdway du 417e Escadron inspectent une partie de leurs exploits — une paire de voitures blindées Autoblindo 41 italiennes endommagées — sur la route entre Conegliano et Vittorio Veneto près de Trévise. On ne sait pas si ces véhicules ont été utilisés par les Allemands, car ils ne portent pas d’insigne allemand, mais la Wehrmacht en a utilisé un grand nombre après la capitulation italienne, les appelant Panzerspähwagen AB41 201s. Je parie que les pneus manquants ont été pris par les Italiens locaux ! Photo : Donal Lambie Collection

Les amis de Lambie, Jack Leach, Len Dudderidge (au volant) et Bob Latimer, immobilisent leur Willys Jeep devant un canon antiaérien allemand 88 MM abandonné après la cessation des hostilités. Ce devait être un jour de fête pour ces hommes qui ont visité cette zone précédemment occupée par les Allemands. Le printemps tire à sa fin, les arbres sont ombragés, le temps est chaud et la victoire est totale. Photo : Collection de Donald Lambie

Le long de l’autoroute au nord de Conegliano, les aviateurs du 417e inspectent d’autres transports motorisés endommagés, se demandant s’il s’agit encore de leur succès. Il y a un petit groupe de photos de ce voyage qui sont de format carré et sur lesquelles le nom « Leslie » est inscrit au dos, ce qui me porte à croire qu’il s’agit d’ajouts à l’album de Lambie par le lieutenant d’aviation Jack Leslie, un autre pilote du 417e de Montréal. Ils sont demeurés en contact après la guerre puisqu’ils étaient originaires de la même ville et ont probablement partagé des photos personnelles. Photos : Jack Leslie, Collection de Donald Lambie

Un autobus militaire italien passe avec fracas sur l’autoroute alors que Lambie et ses amis visitent le territoire récemment cédé dans le nord-est de l’Italie. J’ai passé un temps fou sur Internet à essayer d’identifier la marque de ce bus — Alfa ? Macchi ? Lancia ? Opel ? etc... aucune chance, donc si quelqu’un peut m’éclairer sur les autobus italiens de la Seconde Guerre mondiale, merci de me faire signe. Je dois en avoir l’esprit tranquille. Photo : Collection de Donald Lambie.

Quelques-uns des quelques chars restants de la Wehrmacht en retraite, dont ce char Panther allemand intact avec la tourelle tournée vers l’arrière, ont accompagné les Allemands qui se rendaient. Il semble en relativement bon état, mais ses marquages de l’armée allemande sont absents.

Sans doute par curiosité, Lambie et quelques camarades du 417e Escadron sont allés visiter le camp des prisonniers de guerre (plutôt une zone de rassemblement) à Conegliano le 7 mai 1945. Alors que nous célébrons le Jour de la Victoire en Europe le 8 mai, les Allemands ont signé les documents de reddition à Caserta, en Italie, le 29 avril et le cessez-le-feu a pris effet le 2 mai. Quelques semaines auparavant, les hommes avaient bombardé des cibles ennemies à Conegliano, à environ 40 kilomètres au nord du centre de Venise. Lambie note dans sa légende « l’officier boche — Croix de fer — démoralisé ». Il décrit ainsi d’autres personnes présentes sur la photo : « Dans le groupe, dos à l’appareil — le capitaine (artillerie) boche avec Croix de fer jouant le rôle d’adjudant, cheveux roux et très précis — Le grand type — un colonel ». Photo : Collection de Donald Lambie

Il s’agit ici de soldats allemands très expérimentés, bien aguerris. Sous sa photo, Lambie décrit l’officier qui s’avance vers lui : « Un autre gars de la Croix de Fer — se préparant pour un voyage dans le sud. Un capitaine a enlevé ses galons dans le but de se déguiser en simple soldat pour exprimer son dégoût envers ceux qui se sont rendus. » Photo : Collection de Donald Lambie

Une autre photo prise à Conegliano le 7 mai. Après avoir entendu parler pendant des années de la race supérieure et de la puissance de l’armée allemande, Lambie écrit avec dédain : « L’un des Surhommes intimidés, attendant d’être transférés vers le sud… Ils étaient tellement ravis d’être nos prisonniers plutôt que d’être tombés aux mains des Russes. » Photo : Collection de Donald Lambie

Dans un camp dédié au traitement des prisonniers de guerre et blottis à l’ombre d’un bâtiment à Conegliano, des soldats allemands attendent d’être transportés vers le sud. Lambie les décrit comme « très dociles et coopératifs ». Photo : Collection de Donald Lambie

Lambie ne cache pas son manque de sympathie envers les prisonniers allemands rassemblés en déclarant… « Comme nous sommes indulgents ! Ils ont été extrêmement bien traités par rapport au traitement qu’ils méritaient. » Je suppose qu’il est difficile de trouver de l’empathie pour des troupes qui ont récemment été responsables de la mort de trois amis. Photo : Collection de Donald Lambie

Mess militaire de l’Action de Grâce pour l’escadre
Trévise, 13 mai 1945

Du 10 au 12 mai, Lambie vole à nouveau, mais pas pour des sorties offensives. Ces derniers vols étaient des séances d’entraînement pour un défilé aérien de la DAF au-dessus de la ville d’Udine, prévu pour le 26 mai. Au cours de trois vols sur trois jours, il s’est exercé à des formations de 12 avions de type V pour victoire et en file indienne dirigées par trois hommes différents : Karl Linton, David Goldberg et Nick Nickerson.

Le dimanche 13 mai, l’escadron fait une pause pour une messe militaire pour l’escadre au complet. C’est un événement de type « exercice militaire » qui se déroule sur l’herbe de la piste pour lequel tout le monde a revêtu son plus bel uniforme tropical. Le vétéran et légendaire Tony Bryan a eu l’honneur d’ouvrir la marche pour les aviateurs du 417e sur le terrain. C’est le premier dimanche depuis le Jour de la Victoire en Europe, le 7 mai, et il y a de quoi être reconnaissant. Le livre des opérations de l’escadron indique :

Se mettre sur son 36 pour la messe militaire de l’Action de Grâce de l’escadre. Même si cela faisait longtemps que la plupart des membres de l’escadron n’avaient pas participé à un défilé, dans l’ensemble, la participation a été excellente.

Chaque aviateur a reçu un programme intitulé « Un service d’action de grâce pour la victoire — Merci à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ. » Le fait qu’aucun autre groupe religieux, comme les Juifs, n’ait été accueilli, même si le commandant, le chef d’escadron David Goldberg, DFC, et d’autres pilotes de l’escadre étaient juifs (l’ami montréalais de Lambie, Rudy Weinmeister, du 241e, par exemple), en dit long sur cette époque.

Au cours des grandes préparations, pour que les Spitfire soient prêts pour la grande célébration de l’escadre — un défilé aérien de la DAF à la fin du mois de mai — le sergent de section « Mac » McCloskey, l’un des membres de l’équipe au sol, pinceau à la main, semble retoucher les extrémités jaunes des hélices de ce Spitfire (AN-P) à Trévise. Notez les couvertures sur les pneus pour éviter les dommages causés par le soleil et l’huile et le marquage « P » personnalisé sur l’entrée d’air. Trente-neuf escadrons participeront au défilé aérien et David Goldberg voulait que ses Spitfire soient impeccables. Photo : Collection de Donald Lambie

Flight Lieutenant Tony Bryan, DFC leads a squad of enlisted airmen through the TLe capitaine d’aviation Tony Bryan, DFC, dirige un groupe d’aviateurs à travers la section de transport motorisé du terrain d’aviation de Trévise, en route vers le service religieux de la messe de la Victoire en Europe, organisé pour le dimanche suivant le jour de la Victoire. Un an avant ce jour, Bryan avait été abattu au-dessus de la France et avait passé plusieurs mois avec la Résistance française avant de rejoindre son unité. Aujourd’hui, le voici qui dirige une formation d’aviateurs victorieux sur un terrain d’aviation italien près de Venise pour célébrer la fin de cette horrible guerre qui a coûté la vie à tant de ses amis. De nombreux souvenirs ont sans doute rafait surface ce jour-là. Photo : Jack Leslie via Collection de Donald Lambie

Les officiers du 417e Escadron, dans le parc automobile de l’escadron, s’alignent pour un défilé sur le terrain d’aviation en vue de la messe du dimanche suivant le jour de la VE, le 13 mai 1945. Lambie est quatrième au premier rang, Jack Leach à sa droite, Karl Linton à cette extrémité du premier rang, Bob Latimer à l’extrémité du dernier rang. Photo : Jack Leslie via Collection de Donald Lambie

Formant un cadre, les hommes, les sous-officiers et les officiers du 244e Escadre (n° 92, 145, 241 et 601 de la RAF et 417e de l’ARC) se rassemblent sur le terrain d’aviation de Trévise pour la messe du dimanche. Le terrain est encombré par les Spitfire de l’escadre et les transports américains C-47 Skytrain. Photo : Jack Leslie via Collection de Donald Lambie

Lambie tourne sa caméra vers la droite pour obtenir une image complète du vaste terrain herbeux de Trévise où se trouvent, entre autres, des Spitfire de la 244e Escadre. Photo : Jack Leslie via Collection de Donald Lambie

Il y a un bon nombre de photographies dans l’album de Lambie qui le montrent, en compagnie d’autres personnes, sur une plage de bord de mer au pied de hautes falaises. Je ne suis pas certain de la date de cette visite à la mer Adriatique (ou même si c’était l’Adriatique), mais je suppose que c’était quelque temps après le Jour de la Victoire en Europe, peut-être en juin, quand ils avaient du temps pour s’amuser. À l’arrière-plan, nous voyons des cabines de plage et deux tunnels artificiels, qui descendent probablement du sommet de la falaise. On dirait que Lambie se tient sur le balcon d’une maison, d’un restaurant ou d’un hôtel. Tout indice pour identifier cet endroit serait grandement apprécié. Photo : Collection de Donald Lambie

Les hommes du 417e Escadron au bord de la mer. Notez les traces de bronzage sur le bas des jambes de l’homme de droite et de l’homme assis sur le pont. On pourrait penser qu’un emplacement aussi distinct — plage de sable noir, falaises abruptes et tunnels — serait facile à identifier. Photo : Collection de Donald Lambie

Les pilotes du 417e Escadron s’amusent dans les vagues sur le sable noir d’une plage italienne. Photo : Collection de Donald Lambie

« Notre château » 18 mai 1945

Au début, les logements de l’escadron à Trévise étaient spartiates, une tente sans plancher. Au bout d’une semaine environ, les pilotes ont amélioré leur tente en y installant des planchers en bois et des lavabos, mais les choses se sont vraiment améliorées lorsque l’escadron a réquisitionné une grande maison et l’a transformée en résidence pour officiers avec club. Le journal de l’escadron, qui tient le registre des opérations, écrit ceci le 18 mai : « Nous avons localisé un château abandonné à environ trois kilomètres de notre site actuel et les équipages et les officiers sont tous occupés à déplacer le mess des officiers vers ce château. Si nous pouvons nous procurer une pompe et un moteur, il serait possible d’utiliser les grandioses installations d’ablution reliées à chaque suite. » Puisque les pilotes de l’escadron n’étaient plus en état d’alerte ou ne volaient plus beaucoup, ils pouvaient profiter de ce grand manoir à deux miles de l’aérodrome.

George « GP » Hope pose avec le pilote vétéran de Spitfire, l’adjudant Leonard John Duddridge, dans le jardin situé derrière ce que Lambie appelle « Notre château ». Duddridge, originaire de Hanley, en Saskatchewan, s’est joint à l’escadron au cours du dernier mois de la guerre. Il était un vétéran du combat avec deux périodes de service précédentes à son actif. Photo : Collection de Donald Lambie

L’aviateur-chef Leonard Duddridge (à gauche) de la photo précédente pose avec son frère et sa soeur Gladys et l’aviateur-chef Lewis lorsqu’il s’entraînait pour devenir pilote dans l’ARC. La famille Duddridge était originaire de la petite communauté agricole de Hanley, en Saskatchewan. Les deux garçons se sont enrôlés à des moments différents (Lew a commencé un an plus tôt et a suivi des cours de mécanique d’aéronefs), mais ils ont été affectés ensemble à l’école d’entraînementélémentaire no 7, à Saskatoon. Ils ont suivi ensemble leur formation élémentaire au pilotage à l’EFTS no 6, puis ils ont suivi ensemble leur formation au pilotage militaire à l’SFTS no 10, à Dauphin, au Manitoba. Len a piloté des Spitfire à Malte avec le 94e et en Afrique du Nord avec le 238e Escadron de la RAF avant de rejoindre le 417e Escadron, tandis que Lewis a piloté des Lancaster avec le Bomber Command en Europe. Dans un bel exemple des 6 degrés de séparation, Len Duddridge avait volé à partir du HMS Eagle lors de l’opération Style le 2 juin 1942, il s’agit de l’opération même au cours de laquelle le sous-lieutenant David Rouleau a été tué. Ce jour-là, Duddridge et Rouleau faisaient tous deux partie d’une formation de neuf pilotes de Spitfire qui tentaient de se rendre à Malte lorsqu’ils ont été attaqués par des Messerschmitts. Duddridge a survécu, mais pas Rouleau.

Un a survécu, l’autre a péri. Le 3 juin 1942, neuf Spitfire non armés lancés depuis le HMS Eagle approchaient de Malte après un long vol lorsqu’ils furent pris à partie par des Messerschmitts basés à Pantelleria. Quatre des pilotes ont été abattus et tués, les cinq autres se sont débattus et ont atterri à Malte. David Rouleau d’Ottawa, l’homme à droite, était l’un des quatre qui ont été tués. Il vivait à quelques rues de chez moi. Len Dudderidge, l’homme à gauche, a survécu et a continué à se battre pendant trois autres années avant de terminer sa carrière avec le 417e Escadron. Photos via les familles Dudderidge et Rouleau.

C’est ma photo préférée de la collection : les pilotes du 417e participent à une fête bien arrosée au mess du « château » à Trévise, en Italie, à environ 26 kilomètres au nord de Venise. C’est à Trévise que s’est achevée l’histoire mouvementée de la Seconde Guerre mondiale du 417e Escadron. Ils ont rapidement perdu leurs Spitfire et ont été désactivés peu de temps après. C’était l’époque de la victoire en Europe et les gars cherchaient des occasions pour se défouler. De gauche à droite : Le lieutenant d’aviation Bob Latimer, le lieutenant d’aviation George Proud « GP » Hope, le capitaine d’aviation Karl R. Linton, DFC, le lieutenant d’aviation Ted Whitlock regardant vers la droite et Jack Leach à l’arrière. Karl Linton, en chemise blanche, s’était joint au 417e Escadron à la mi-février, après un retour de congé au Canada. Avant cela, il avait volé avec le 416e Escadron en Angleterre, puis 11 mois avec le 421e Escadron, constamment aux commandes d’un Spitfire. Il s’agissait essentiellement de sa troisième période de service. M. Linton, originaire de Plaster Rock, au Nouveau-Brunswick, est décédé en 2010 à Halifax, en Nouvelle-Écosse, à l’âge de 87 ans. Après la guerre, Ted Whitlock a étudié à l’Université de Toronto et a obtenu un diplôme en sciences politiques et en économie. Photo : Collection de Donald Lambie.

Malheureusement, six ans après que Lambie ait pris la photo de ses camarades faisant la fête à Trévise, George Hope a été tué dans un accident de vol près de sa ville natale de Windsor, en Ontario. En tant que membre de la réserve de l’ARC, il pilotait un de Havilland Canada DHC-1 Chipmunk lorsqu’il a été désorienté par le mauvais temps. Image via newspapers.com

Selon les articles de journaux de l’époque, l’avion s’est écrasé dans « une combinaison de météo orageuse et de bruine qui ont réduit la visibilité à néant ». Le Chipmunk CF-CXF était un avion immatriculé dans le civil, acheté par l’ARC et prêté à l’Association des Royal Canadian Flying Clubs. Il effectuait un vol d’entraînement de navigation lorsqu’il s’est écrasé. Hope, en tant que membre de la réserve de l’ARC, était l’un des 36 réservistes participant par l’intermédiaire du Windsor Flying Club, à l’opération Chipmunk. Il s’agit d’un programme visant à donner des cours de remise à niveau aux anciens pilotes de combat. Image via Newspapers.com

Le lieutenant d’aviation Karl Linton, DFC, qui était chef de vol au sein du 417e Escadron de Lambie et que l’on voit sur la photo au bar ci-dessus, a eu une carrière exceptionnelle. Après son arrivée à l’étranger en mars 1942 et sa participation à l’UEO Spitfire, il a été affecté pendant huit mois au 416e Escadron, puis pendant 11 mois au 421e Escadron, avant d’être affecté pendant sept mois comme pilote d’état-major à l’unité de soutien du 83e Groupe de la RAF. Puis, après un retour bien mérité au Canada, il s’est joint au 417e Escadron en février 1945. En 2003, à l’âge de 80 ans, il a écrit et publié un mémoire sur ses expériences de vol pendant la Seconde Guerre mondiale, intitulé Lucky Linton-A Second World War Spitfire Pilot’s Memoir, et a récemment été mentionné dans un autre article de Vintage News par Stephen M. Fochuk concernant un événement unique et très peu probable. Karl Linton de Plaster Rock, au Nouveau-Brunswick, est décédé en 2010 à Halifax, en Nouvelle-Écosse.

Il existe quelques photos de 417 officiers posant pour Lambie en petits groupes à Trévise. Cela correspond au désir de Lambie de se souvenir de ses camarades après la guerre longtemps après qu’ils se soient tous dispersés à travers le Canada. Sans ses photos, certains de ces hommes pourraient sombrer dans l’oubli. Dans ce groupe, « GP » Hope (à gauche) est debout avec deux des officiers non navigants de l’escadron — le capitaine d’aviation Bob Hogg (au centre), l’officier d’éducation de l’escadron, et le capitaine d’aviation Hal « Doc » Smythe, l’officier médical (médecin du personnel navigant).

Séjour de 42 heures au camp de repos de l’escadre à Lago di Santa Croce
mai 1945

À la fin du mois de mai, probablement entre le 25 et le 28, certains officiers et pilotes de la 417e ont obtenu un laissez-passer de deux jours pour visiter un « camp de repos » dans les Dolomites, à 55 kilomètres au nord de Trévise. Le camp était en fait un petit hôtel et une trattoria dans le village de Santa Croce. La Trattoria Bolognese était située sur une falaise surplombant l’extrémité sud des eaux alpines bleues du Lago di Santa Croce. La terrasse de l’établissement offrait une vue magnifique sur ces eaux jusqu’aux magnifiques pics escarpés des Dolomites.

Pendant que les hommes se reposaient, nageaient, participaient aux sports nautiques en bateau, lisaient et buvaient un vin italien bon marché sur la terrasse ensoleillée de la Trattoria Bolognese, ils ont entrepris quelques excursions d’une journée. En particulier, ils ont suivi les vallées des rivières alpines jusque dans les Dolomites et jusqu’à la frontière autrichienne, au célèbre col de Kreuzberg. Les photos de Lambie saisissent ces moments de joie qui créent des souvenirs heureux et agissent comme remède pour aider à diminuer le chagrin et l’horreur suscités par la guerre. À travers les yeux de Lambie et des autres pilotes, nous voyons la camaraderie et la confrérie d’armes qui soutient un escadron de combat, même après la fin de la guerre. Ces souvenirs de panoramas alpins ensoleillés et de journées sans fin, sans menace, les accompagneront jusqu’à la fin de leurs jours. À bien des égards, ces dernières années et ces derniers jours détermineront le genre d’hommes qu’ils deviendront tous — mondains, réfléchis et prédisposés à aider les autres.

À la fin de la guerre, Lambie et quelques camarades du 417e Escadron entreprennent un voyage de détente dans la vallée de la rivière Piave, en camion de l’escadron en route par camion de l’escadron vers l’hôtel de repos de l’escadre. Ils en profitent pour visiter Belluno et la chaîne des Dolomites, dans les Alpes de l’Italie de l’Est. Là, ils s’arrêtent devant une vue imprenable sur le Lago di Santa Croce. C’était en mai 1945, et l’armée allemande sur place venait de se rendre. On ne peut s’empêcher de deviner ce que pensait ce pilote canadien de Spitfire (peut-être Jack Leach) en contemplant le spectacle de ce paradis alpin italien qui, jusqu’à il y a deux semaines, était aux mains de l’ennemi. La note au dos de la photo se lit comme suit : « Une bonne vue du lac St. Croce à partir de notre camp de repos d’escadron. La maison blanche [à côté de l’épaule gauche du pilote] est l’endroit où nous prenions notre bouffe » Photo : Collection de Donald Lambie.

Avec l’aide de Streetview de Google, nous pouvons nous rendre au même endroit où Lambie et ses amis se sont arrêtés pour regarder le Lago di Santa Croce (photo précédente) et les pics élevés des Dolomites. Image via Google Streetview

Une vue composite d’un Lago di Santa Croce très calme, réalisée à partir de deux des photographies de Lambie. Cette photo semble avoir été prise un peu plus loin sur la même route que celle de la photo précédente. Le calme plat du lac est remarquable. Photo : Collection de Donald Lambie

Un camion CMP de l’escadron charge du matériel et d’autres membres du personnel de la 244e Escadre qui viennent de déposer les pilotes et les officiers du 417e Escadron à la Trattoria Bolognese pour une période de repos de 48 heures. Photo : Collection Donald Lambie

Il est vraiment étonnant que près de 80 ans plus tard, la Trattoria Bolognese soit toujours en activité au même endroit, maintenant connue sous le nom de Bar Ristorante Bolognese. Image via Google Streetview

Le stress des missions quotidiennes étant chose du passé, les pilotes de l’escadron 417 peuvent se détendre au soleil de midi qui les réchauffe après le long hiver de guerre. Les Dolomites se dressent au-dessus du lac et offrent aux officiers qui lisent et écrivent des lettres à leur famille une vue à couper le souffle. Deux des officiers sont mentionnés dans la légende au verso, mais ne sont pas identifiés parmi les quatre hommes de la photo. Il s’agit du capitaine d’aviation Doucet, l’officier d’administration de l’escadron, et du lieutenant d’aviation Chuck Urie. Photo : Collection de Donald Lambie.

Voici une vue magnifique que Lambie et ses collègues pilotes de 417e ont pu apprécier à partir de la terrasse de la Trattoria Bolognese. Photo : Victoria Popa, 2021

Lambie et quelques amis ont emprunté un bateau et ont ramé au large du Lago de Santa Croce. Ici, nous regardons en arrière vers la Trattoria Bolognese [le bâtiment blanc au centre droit]. Les officiers dormaient la nuit dans une remise à bateaux en béton au pied de la colline sous la trattoria. Photo : Collection de Donald Lambie

Le lieutenant d’aviation Charles Edward « Chuck » Holdway, de Les Cédres, au Québec, n’arrive pas à cacher son plaisir dans une chaloupe au milieu du Lago de Santa Croce. Holdway fait partie d’un pourcentage relativement faible de pilotes de la Seconde Guerre mondiale qui sont restés dans l’ARC après la guerre. Il a atteint le grade de lieutenant-colonel dans les Forces armées canadiennes après l’unification. Photo : Collection de Donald Lambie.

Pendant leur séjour au Lago di Santa Croce, les officiers du 417e ont dormi dans une remise à bateaux en béton moderne et brutaliste au bord de l’eau. Ici, Bill Craig et l’officier médical du 417e Escadron, Hal Smythe, profitent du soleil. Photo : Collection de Donald Lambie

Pour l’une de leurs excursions pendant qu’ils se reposaient au bord du lac, les gars du 417e ont réquisitionné un véhicule utilitaire lourd Fordson WOA2, l’équivalent d’un Hummer moderne de la Seconde Guerre mondiale, fabriqué par la Ford Motor Company britannique. Ici, Lambie (au centre) s’arrête le long de la route côtière du Lago di Santa Croce pour se dégourdir les jambes et admirer le lac alpin turquoise. Photo : Collection de Donald Lambie

Une vue similaire d’un Fordson Utility, Car — le grand-père du Hummer et des VUS d’aujourd’hui. Cela devait être « vraiment quelque chose » de parcourir les Alpes en vainqueurs dans un Fordson à six passagers, rugissant entre les montagnes enneigées, les prairies alpines et les lacs turquoise. L’accueil italien et la guerre n’étaient à ce moment-là qu’un souvenir. Photo : Pinterest.

Après une excursion d’une journée à Belluno, la ville la plus grande et la plus importante des Dolomites orientales, un groupe de pilotes du 417e s’arrête le long de la Strada Statale 51 à l’extrémité nord du Lago di Santa Croce pour se dégourdir les jambes et comparer leurs notes et leurs souvenirs. Le Fordson aux insignes de l’escadron 417 a l’air assez abîmé et poussiéreux. Le bâtiment et les installations à droite contrôlent le flux d’eau vers Il Canale Cellina, le court canal qui permet l’accès aux bateaux à l’extrémité moins profonde au nord du lac. Photo : Collection de Donald Lambie

En « parcourant » la route de Santa Croce à l’aide de Google Streetview, il ne restait que quelques kilomètres jusqu’à l’endroit précis où Don Lambie et le groupe de pilotes de Spitfire du 147e se sont arrêtés pour discuter et montrer leurs « trésors ». Ces jeunes hommes n’auraient jamais imaginé que, près de 80 ans plus tard, un homme de 71 ans utiliserait un outil comme Streetview et Internet pour contempler l’endroit exact tout en s’émerveillant de la belle absurdité de tout cela. Photo via Google Streetview

Lambie et ses amis ont réquisitionné ce véhicule utilitaire Ford de la RAF et l’ont emmené plus d’une fois dans les vallées de la région de Veneto et Belluno en Italie du Nord, s’aventurant profondément dans les gorges des rivières alpines dans le sud des Dolomites. L’une de ces vallées suit le cours de la rivière Cismon jusqu’à la ville alpine de Lamon, où Lambie a pris cette photo spectaculaire de l’eau débordant du barrage près du pont de Ponte Serra. On ne peut qu’imaginer la sensation de domination que ces jeunes hommes ont dû ressentir en découvrant la beauté et l’hospitalité d’une région récemment libérée de l’emprise de la tyrannie nazie. Photo : Collection de Donald Lambie

Je pense que la route et les zones d’observation en bas au centre constituent l’endroit précis où Lambie se tenait lorsqu’il a pris la photo précédente. Bien que l’eau ne déborde pas du barrage le jour où cette photo a été prise par un drone, le réservoir libère toujours de l’eau par des déversoirs en aval sur le Cismon. La route en lacets à gauche monte de la gorge jusqu’à la ville alpine de Lamon.

Après des heures de recherches infructueuses sur Internet et sur Google Earth, je n’ai pas pu trouver l’identité de ce village des Dolomites visité par Lambie et ses amis. L’inscription au dos des photos indique simplement : « Un petit village du nord de l’Italie où quelques Boches ont résisté faiblement. La tour et le sommet du clocher ont été endommagés, ainsi que quelques maisons à proximité. Mai 1945 » Photo : Collection de Donald Lambie.

Lors d’une excursion touristique à partir du Lago di Santa Croce, Lambie et les gars ont roulé jusqu’à la frontière autrichienne en passant par le col connu en Italie sous le nom de Passo di Monte Croce di Comelico ou comme les Autrichiens l’appellent : le col de Kreuzberg. Photo : Collection de Donald Lambie

Au même passage de la frontière autrichienne dans le col de Kreuzberg, un hôtel Kreuzberg plus récent se dresse au même endroit sur l’autoroute. Image vie Google Streetview

Sur une photo prise par Jack Leslie, nous voyons des bunkers allemands prêts à repousser l’ennemi s’il tentait une attaque par le col montagneux de Kreuzberg. Ils n’ont jamais servi. Photo : Jack Leslie via Collection de Donald Lambie

Taillés dans le granit des Dolomites et renforcés par du béton, les bunkers existent toujours aujourd’hui. Photo via Google Maps

Défilé aérien combiné victorieux de la Desert Air Force
Terrain d’aviation Campoformido Udine, Italie, 28 mai 1945

Le 13 mai, après la messe militaire de l’escadre, les vols opérationnels ont pris fin et tout ce qui restait à faire était de s’entraîner au vol en formation d’escadron en vue du défilé aérien de la Desert Air Force (DAF) prévu au terrain d’aviation de Campoformido près d’Udine et de la frontière yougoslave. C’est là que la RAF allait rassembler des avions de 39 escadrons différents dans un long défilé aérien, sous le regard des dignitaires, qui allaient admirer la puissance et le pouvoir des unités aériennes alliées victorieuses.

Le 10 mai, le premier vol d’entraînement rassemblait l’escadron au complet en défilé aérien de 12 Spitfire en formation. Il a été suivi de cinq autres exercices de formation d’une durée d’environ une heure. On a pratiqué des formations de 12 avions en tête de flèche, des formations V pour victoire et des formations en file indienne et en formation de front. Pour tous ces vols précédant le défilé aérien de la DAF, Lambie a volé dans son Spit — LZ923, immatriculé AN-T. Le 19 mai, ils rejoignent les autres escadrons de l’escadre pour une répétition générale et coordonnée réservée aux aviateurs et aux officiers de l’escadre entière — soit les escadrons 417, 601, 241, 92 et 145. Cette répétition et trois autres au cours de la semaine suivante ont été dirigées par le commandant d’escadron David Goldberg. La date initiale du défilé aérien de la victoire devait être le 26 mai, mais le mauvais temps a retardé l’événement. Enfin, le 28, avec les réservoirs à longue portée fixés, les 12 Spitfire du 417e Escadron décollent pour Udine afin de rejoindre 38 autres escadrons de chasseurs et de bombardiers pour le grand spectacle en l’honneur de l’énorme contribution de la DAF à la Victoire — en Afrique du Nord, à Malte, en Sicile et en Italie.

Après le défilé aérien, les pilotes sont retournés à Trévise, mais le commandant d’escadron David Goldberg et deux de ses commandants de vol, Tony Bryan et Karl Linton, ont pu atterrir à Udine et assister à la réception.

Les Mustangs de l’armée de l’air sud-africaine (à gauche) du 5e escadron de la 239e escadre et les Kittyhawks du 450e escadron, commandés par le commandant d’escadron Jack Doyle, participent au défilé aérien de la DAF le 28 mai 1945. Photos : Imperial War Museum

Ce jour-là, le maréchal de l’air Sir Guy Garrod, KCB, OBE, MC, DFC, LLD, commandant en chef du Royal Air Force en Méditerranée et au Moyen-Orient (au centre), le vice-maréchal de l’air R M Foster, commandant de l’armée de l’air du désert (à gauche) et le général de brigade Thomas D’Arcy de l’USAAF étaient présents à la tribune. Photo : Imperial War Museum.

12 Spitfires passent en trombe devant la tribune d’honneur à Campoformido. On peut se demander s’il s’agit des Spitfires du 417e Escadron qui ont pratiqué une formation de 12 avions en tête de flèche avant ce défilé aérien. Photo : Imperial War Museum.

Visite au « Flugfeld » de la Luftwaffe à Klagenfurt-Annabichl, Autriche
31 mai 1945

À la fin du mois de mai, Lambie, et peut-être certains de ses amis, s’envolèrent pour une mission de ravitaillement dans un C-47 américain de Trévise à Klagenfurt, en Autriche — 40 kilomètres au-delà de la frontière, sur la rive orientale du Wörthersee. Ils atterrissent à Flugfeld Klagenfurt-Annabichl, une base aérienne de la Luftwaffe récemment capturée. Pendant leur séjour à Klagenfurt-Annabichl, ils ont jeté un coup d’œil aux avions ennemis capturés et détruits et, sur le chemin du retour, ils ont ramené en Italie des prisonniers de guerre britanniques et néo-zélandais.

Au cours des deux derniers mois de la guerre, les unités de la Luftwaffe qui y étaient basées comprenaient un Jagdgeschwader de chasseurs de la Luftwaffe, une école élémentaire de pilotage et le 1er escadron de messagerie et liaison de l’armée de l’air hongroise. Depuis janvier, la ville a subi la colère des bombardiers alliés à plusieurs reprises, alors que les Alliés poursuivaient leur avancée vers le nord en Italie. Lors de la dernière de ces visites, le 19 mars, 245 B-17 et B-24 de la 15e Air Force avaient lâché 589 tonnes de bombes sur ce terrain d’aviation, mais n’avaient réussi qu’à détruire deux biplans d’entraînement Focke Wulf Fw 44 obsolètes de l’école de pilotage — Flugzeugführerschule FFS A 14.

Après la capitulation allemande, tous les avions présents sur le terrain — les chasseurs, les avions d’entraînement et les avions de transport — ont été traînés et poussés dans ce que nous appelons aujourd’hui un « dépotoir pour avions ». Ceux-ci présentaient un grand intérêt pour Lambie et ses amis et ils ont inspecté de près les avions étrangers.

Lors de sa visite du terrain d’aviation de Klagenfurt, Lambie a pris cette photo d’un transport léger Siebel Si 204 abandonné. Un camp satellite de Buchenwald a été créé à Halle an der Saale (province de Saxe) pour fournir de la main-d’œuvre à la Siebel Flugzeugwerke GmbH en juillet 1944 et on peut se demander si des esclaves ont contribué à la construction de cet avion. Un Seibel 204 a l’étrange distinction d’être le dernier avion de la Luftwaffe abattu par les Alliés, le 8 mai 1945 en Bavière. Photo : Collection de Donald Lambie

En cherchant des images de la Luftwaffe à Klagenfurt sur Internet, je suis immédiatement tombé sur cette étonnante photographie officielle de la RAF montrant le personnel au sol de la 232e Escadre de la RAF se réfugiant du soleil sous l’aile du MÊME Siebel Si 204 que celui photographié par Lambie. Cela me rappelle la phrase de la vieille chanson de la Seconde Guerre mondiale « We're Going to Hang out the Washing on the Siegfried Line ». Rien ne dit mieux la victoire que d’utiliser un avion de guerre ennemi comme corde à linge. À l’arrière-plan, à droite, se trouve un autre avion Siebel — un Siebel Fh 104 Hallore. Image : via the Digital Collections of the National WWII Museum, USA

Une autre photo (non pas de Lambie celle-ci) du cimetière de Klagenfurt à l’été 1945. On comprend l’attrait de ce genre de cimetière d’avions pour les aviateurs canadiens curieux. L’une des zones de dispersion regorge de Siebel Fh 104 et Si 204 de la Luftwaffe, de nombreux avions d’entraînement avancés Arado Ar 96, dont plusieurs exemplaires de l’armée de l’air hongroise (croix blanche sur carré noir), une paire de Focke-Wulf 190 et peut-être un avion d’entraînement biplan Focke-Wulf Fw 44 Stieglitz enterré en plein milieu. Nous oublions que la Hongrie faisait partie des puissances de l’Axe pendant la Seconde Guerre mondiale et qu’elle a adopté une politique de revendication semblable à celle d’Hitler et même de Vladimir Poutine aujourd’hui pour justifier l’invasion de ses voisins. Klagenfurt-Annabichl a servi comme base d’attache éphémère pour le 1er escadron de messagerie et de liaison de l’armée de l’air hongroise d’avril à mai 1945, ce qui explique tous les avions hongrois sur place. Il a également abrité une « Flugzeugführerschule » ou école de pilotage de la Luftwaffe pendant la majeure partie de la guerre. La dernière école à occuper ce terrain était la Flugzeugführerschule FFS A 14, ce qui explique la présence de l’entraîneur Steiglitz.

Lambie et d’autres pilotes du 417e inspectent un Focke-Wulf Fw 190 sur le Flugfeld de Klagenfurt-Annabichl au cours de l’été 1945. Sous le bout de l’aile du chasseur, à gauche, on peut distinguer une collection d’avions allemands et hongrois réduite en ferraille. La visite à Klagenfurt n’était probablement pas un voyage officiel sanctionné par l’escadron, mais plutôt un groupe d’amis curieux qui voulaient voir une base de la Luftwaffe et tous les avions allemands, selon ce qu’on disait, étaient rassemblés après la fin des hostilités. Klagenfurt se trouvait à environ 100 miles au nord-est du Lago de Santa Croce, dans les Alpes autrichiennes. Photo : Collection de Donald Lambie

Les deux immenses hangars que l’on voit sur la photo précédente de Lambie demeurent en service régulier aujourd’hui, près de 80 ans après la guerre. Le terrain, autrefois appelé Flugfeld Klagenfurt, est aujourd’hui Flughafen Klagenfurt, l’aéroport de la sixième plus grande ville d’Autriche. Photo : Zacke82 via Wikimedia Commons

Les va-et-vient à Trévise,
Juin 1945

Tout comme Udine à l’est, Trévise était stratégiquement placé près de l’Autriche et de la Yougoslavie et servait d’important terrain de transit pour les avions volant du sud vers l’Europe centrale et orientale. Il y avait beaucoup d’allées et venues et Lambie était là pour photographier quelques avions intéressants. Voici quelques-unes de ces photos :

Un Savoia-Marchetti SM. 79 « Sparviero » [Hawk] italien fait le plein à l’aide d’un ravitailleur Bedford QLC du 417e Escadron à Trévise en mai 1945. L’un des plus beaux avions (à mon avis) de la Seconde Guerre mondiale, le Sparviero n’était pas particulièrement agréable à entendre selon Lambie, qui a écrit : « On dirait un camion défoncé quand il décolle. » Les camions Bedford de la série QL étaient souvent surnommés « Queen Lizzie » en raison de leur suffixe QL, mais je n’ai pas trouvé de référence sur la signification de QL. Photo : Collection de Donald Lambie.

Sous un autre angle, le SM.79 révèle une cocarde italienne post-fasciste (anneaux extérieurs rouges et verts au centre) et nous indique qu’il appartenait à la Force aérienne co-belligérante italienne. La Force aérienne cobelligérante italienne (Aviazione Cobelligerante Italiana, ou ACI), ou Force aérienne du Sud (Aeronautica del Sud), était la force aérienne royaliste du « gouvernement Badoglio » en Italie du Sud pendant les dernières années de la Seconde Guerre mondiale. L’ACI a été créée en octobre 1943 après l’armistice italien de septembre. Comme les Italiens avaient quitté l’Axe et déclaré la guerre à l’Allemagne, les pilotes de l’ACI ont volé avec les Alliés, mais jamais contre les troupes fascistes italiennes encore au combat. Photo : Collection de Donald Lambie

Un Liberator C.IX du Royal Air Force subit une inspection d’entretien à Trévise en juin. À l’arrière-plan, nous voyons ce qui semble être le fuselage arrière d’un autre Savoia-Marchetti S.79. Celui de la photo précédente a un camouflage tacheté tandis que celui-ci semble de couleur monotone. Photo : Collection de Donald Lambie.

Sous un angle différent le Liberator précédent révèle qu’il s’agit du KK311. L’armée de l’air sud-africaine en Italie utilisait ses bombardiers Liberator sans les canons montés dans le nez, et la plupart avaient les tourelles d’usage toujours en place, mais sans les canons. Celui-ci, comme on peut le voir sur la photo précédente, a le carénage de nez profilé qui est normal pour la variante de transport du Liberator Express C-87 qui transportait environ 6 000 livres de fret ou jusqu’à 20 passagers. La RAF appelait ces variantes cargo Liberator C.IXs. Je pense qu’il s’agit d’un Liberator C.IX version cargo de la RAF qui était, jusqu’à récemment, un bombardier du 40e escadron. Photo : Collection de Donald Lambie

En mai, la guerre était terminée, mais il y avait encore de nombreuses façons de mettre fin à ses jours. Je ne trouve rien en ligne sur ce qui a pu arriver à ce RAF Hudson à Trévise en juin, mais il semble que l’équipage ait pu survivre. Comme il n’y a pas de véhicules de secours ou d’ambulances, il semble qu’ils aient décidé de laisser le feu s’éteindre de lui-même. Lambie était sur place pour prendre un certain nombre de photos alors que l’épave brûlait. Photo : Collection de Donald Lambie

Une autre photo prise sous un angle différent nous montre que les hélices sont pliées vers l’avant, ce qui nous indique que le moteur produisait de la puissance lorsque les hélices ont heurté le sol. Pour moi, cela suggère une panne de moteur au décollage ou une tête à queue au sol. D’après les recherches que j’ai effectuées, si les extrémités sont pliées vers l’avant, elles étaient sous tension, si elles sont pliées vers l’arrière, la tension a été réduite. Si quelqu’un connaît les circonstances de la perte de cet Hudson en juin 1945 à Trévise, faites-le-nous savoir. Photo : Collection de Donald Lambie

« Un petit appareil hongrois, probablement utilisé comme entraîneur élémentaire de la Luftwaffe par la Horthy Miklo Co. acquis par l’un des escadrons » indique l’inscription au dos de cette photo d’un Bücker Bü 131 Jungmann réquisitionné et immatriculé dans le civil. Aucun Jungmann n’a été construit par une société hongroise — il s’agit d’un trait d’humour de Lambie qui se moque de l’amiral Miklos Horthy, président de facto de la Hongrie pendant la guerre, un allié des nazis. En octobre 1944, Horthy a annoncé que la Hongrie avait déclaré un armistice avec les Alliés et s’était retirée de l’Axe. Il est contraint de démissionner, placé en état d’arrestation par les Allemands et emmené en Bavière. À la fin de la guerre, son emprisonnement passe aux mains des troupes américaines. Il est emprisonné à Nuremberg, mais n’est pas inculpé pour crimes de guerre (il aurait dû l’être) puis, la Hongrie étant devenue un État communiste sous le contrôle de Staline, il s’exile au Portugal où il meurt en 1957. Photo : Collection de Donald Lambie

J’ai trouvé un site Web hongrois avec une piètre photo de guerre du Jungmann HA-LDF volant en formation en compagnie d’autres. Photo via https://www.avia-info.hu/

Les événements tirent à leur fin
Juin 1945

La guerre étant terminée, le rythme des activités à Trévise s’est ralenti. Il y a eu quelques vols au cours des deux premières semaines de juin, mais cela semblait se limiter à un vol d’entraînement en formation par jour pour Lambie. Il y a eu huit vols au cours des 12 premiers jours de juin, tous des formations de quatre avions commandées par Tony Bryan ou le lieutenant d’aviation George Chester « Lard » Langford. Lors de tous ses vols Lambie a piloté le Spitfire LZ923, généralement en tant que numéro 3 ou 4 de la formation en compagnie de formations d’autres avions-alliés comme les P-38 Lightning et les P-51 Mustang. Ils survolaient des endroits spectaculaires comme le lac de Garde, Venise ou Padoue.

Le 5 juin, au cours d’un de ces exercices de vol en formation, les Spitfire de Vern Herron et « Dougal » Gibson se sont percutés et les pilotes ont été contraints de sauter en parachute. Les deux hommes ont atterri sans encombre.

Les hommes s’amusaient et ils savaient que leur épopée en Spitfire touchait à sa fin. Le dernier vol d’entraînement a lieu le 12 juin, puis c’est le moment d’un dernier vol Balbo et du dernier vol de Lambie à bord d’un Spitfire.

Durant ces premiers jours de juin, Lambie et les autres pilotes au repos se sont détendus, ont fait un peu la fête, ont beaucoup ri et ont commencé à profiter de leur environnement. C’était le moment de visiter Venise, de flotter sur les canaux ou peut-être simplement de jouer aux échecs, de réparer son équipement ou de passer un après-midi au club bien arrosé. Le journal de l’escadron n’est plus rempli de rapports de combat, de rapports après action et de bulletins météo, mais plutôt d’entrées comme celle-ci, le 6 juin :

« Pour ce qui est du camp, les gars ont à peu près tout ce qui peut être fourni. Balle molle, volleyball, fer à cheval, natation et un beau camp pour 48 heures sur un lac dans les Dolomites italiennes [Lago di Santa Croce-Ed.]. En outre, des visites sont organisées dans toutes les villes voisines. La plus grande difficulté concerne, bien sûr, les rations de combat, mais apparemment il n’y a rien à faire à ce sujet.

Et puis, le 10 juin, il note :

« Journée fainéante, bronzage, natation, église, etc. Le mess des officiers invite les sous-officiers supérieurs pour un après-midi de natation et de souper. Après le souper, une soirée bien arrosée bat son plein. »

C’est à cette époque, en juin, que Lambie et certains de ses amis les plus proches ont profité du transport prévu pour se rendre à Venise et au nord, dans la région de Belluno, dans les Dolomites, où ils ont nagé et ont loué des chambres dans un hôtel au bord du lac.

En juin 1945, Jack Leach, Chuck Holdway et Don Lambie adoptent une pose détendue entre amis à l’extérieur du mess et des casernes du « château » qu’ils ont « découverts » près de Trévise. Notez la mention « 417 Squadron » inscrite à la craie sur la brique à côté de la fenêtre, revendiquant l’escadron. Photo : Collection de Donald Lambie

Aux portes du « château », nos Canadiens prennent un air décontracté et confiant. Notez « 417 Sqn. » inscrit à la craie sur le mur de briques entre Lambie et Latimer. De gauche à droite : le lieutenant d’aviation Charles Edward « Chuck » Holdway, le lieutenant d’aviation Bob Latimer, Lambie, le lieutenant d’aviation Jack Douglas Leach et le lieutenant d’aviation Alfred « Al » White. L’escadron comptait un certain nombre d’hommes originaires de la vallée d’Ottawa et Rideau et de la région du Saint-Laurent — Latimer, Lambie, Holdway, Desormeaux, Slack et d’autres.

J’ai trouvé d’un grand intérêt l’écusson et la veste que portait Al White sur la photo précédente. La veste de vol ne semble pas provenir de l’ARC et l’écusson est très semblable à celui qui est montré en couleur ici — mais ce n’est PAS le même. Celui de gauche appartient au 145e Escadron du Home War Establishment de l’ARC, une unité Hudson et Ventura opérant à partir de Terre-Neuve pendant la Seconde Guerre mondiale. Celui porté par White montre la même figure de lutin chevauchant une bombe avec un marteau de forgeron (et non un télescope dans ce cas) à la main, mais le texte indique « ATU - SFTS 1 ». Il s’agissait d’un écusson pour une unité d’entraînement avancé de l’école de pilotage militaire n° 1 de Camp Borden. Si vous avez lu Donald Lambie’s War — 1er épisode, Lambie et sa cohorte d’Hurricane de Bagotville ont passé deux semaines à Borden pour un cours de formation tactique avancée. Serait-ce un écusson propre à ce cours ? L’encadré à droite est une mauvaise photo d’une décalcomanie défraîchie, mais identique sur le flanc du Tiger Moth de Havilland CF-TBS de Brad Hieronimus. Détail de Brad Hieronimus, Photo : Collection de Donald Lambie.

Bob Latimer et Lambie se concentrent sur une partie d’échecs dans le quartier des officiers de Trévise. On peut voir une moustiquaire sur le mur à l’arrière-plan. La malaria était une menace constante dans les régions avoisinantes la mer Méditerranée. Photo : Collection de Donald Lambie

En juin 1945, alors qu’il attend d’être rapatrié, Donald Lambie, au teint basané du style Hollywood, répare son uniforme dans leur château de Trévise, en Italie. Le dos de cette photo comporte une inscription mignonne qui me laisse penser qu’il a envoyé la photo à sa mère. Elle se lit comme suit : « Je dois quand même faire ces choses-là moi-même maintenant, maman !!! ». Remarquez la moustiquaire au-dessus de chaque lit. Photo : Collection de Donald Lambie

Le lieutenant d’aviation Stuart Allan « Al » Marshall de Peterborough, en Ontario, répond à une remarque comique d’un autre pilote du 417e dans le mess des officiers de Trévise. C’est la nature candide des photos de la collection de Lambie qui les rend si spéciales. Bien sûr, la plupart des gens veulent voir des avions, mais il est impossible de connaître les expériences de ces hommes simplement en regardant une autre photo de Spitfire. Né à Yorkton, en Saskatchewan, Al Marshall, à l’âge de 10 ans, déménage à Peterborough avec sa famille en 1931. C’était un athlète doué qui a remporté de nombreux championnats en natation à tous les niveaux : local, provincial, interprovincial et national. Il a été champion canadien du 200 mètres brasse, de 1940 à 1952 ; il a détenu cinq records de l’Ontario et du Québec en brasse ; il a été capitaine et entraîneur de l’équipe senior de water-polo de l’Université de Toronto pendant trois ans et champion du Dominion en 1946. La piscine de l’Université Trent de Peterborough a été dédiée à Marshall en 1978, et les certificats de ses records se trouvent dans des vitrines à Trent. Après avoir obtenu son diplôme à l’Université de Toronto, Marshall s’est joint à nouveau à l’ARC en 1948. Il a été tué le samedi 19 mai 1956 lorsque son CF-100 Canuck Mk 5 s’est écrasé lors d’un spectacle aérien militaire à Sault-Sainte-Marie, au Michigan. Il effectuait un passage à haute vitesse et à basse altitude lors du spectacle aérien de Kinross AFB lorsque l’aile gauche du CF-100 s’est désintégrée. Le lieutenant R. De Genova de l’US Air Force, son passager, s’est éjecté, mais son parachute ne s’est pas ouvert et il a été tué ainsi que Marshall qui est mort dans l’épave de son avion. À l’époque, il faisait partie du 428e Escadron et était stationné à la station Uplands de l’ARC, ici à Ottawa. Il a eu droit à des funérailles militaires complètes, tout comme deux autres aviateurs de l’ARC. Plus tragiquement encore, les deux autres, les lieutenants d’aviation William John Schmitt et Kenneth Dinismore Thomas, âgés de 20 ans, probablement à cause d’hypoxie, ont perdu le contrôle de leur CF-100 dans la nuit du 15 mai et ont plongé des milliers de pieds avant de s’écraser sur un couvent dans la petite ville d’Orléans, maintenant en banlieue d’Ottawa. Treize personnes ont été tuées dans le couvent, toutes des religieuses, à l’exception d’une employée du couvent et d’un prêtre qui avait été un aumônier très respecté de l’ARC pendant la guerre. Photo : Collection de Donald Lambie

Une coupure de journal tirée de l’Ottawa Citizen deux jours après l’écrasement de Marshall raconte la triste histoire de sa mort. Son navigateur habituel, Hugh Anderson, a cédé son siège au passager arrière de l’USAF, lui sauvant ainsi la vie. Malheureusement, il a été témoin de la mort de son bon ami. L’article précise que, bien que le travail principal du 417e soit l’appui au sol, Marshall avait réussi à abattre deux avions allemands. Lorsqu’il a réintégré l’ARC, il l’a fait en tant qu’agent des relations publiques, toutefois il a réussi à retrouver le chemin du cockpit. Il était considéré comme un bon pilote consciencieux et était « l’un des rares qui, par leur attitude et leur exemple, maintiennent l’unité d’un escadron et rendent le moral réel ». Il était le 54e aviateur canadien à mourir dans un CF-100 depuis leur mise en service cinq ans auparavant.

En lisant plusieurs articles sur Marshall dans les journaux locaux d’Ottawa après sa mort, il était clair que le 428e Escadron et l’ARC avaient subi une perte importante. Dans l’Ottawa Citizen du 23 mai 1956, Bob Martin, rédacteur du journal, dit de lui : « En tant qu’agent des relations publiques du 428e Escadron Fantôme d’Ottawa, il a volontairement consacré beaucoup de son temps et ses efforts et a patiemment offert des centaines d’explications aux journalistes curieux. » Marshall était toujours autorisé, disposé et prêt à prendre en vol tout journaliste intéressé à faire un reportage sur l’ARC, le 428e Escadron ou le CF-100. Il était un écrivain et un chroniqueur doué.

Quelques jours à Venise
Début de juin, 1945

Le 7 juin, le journal de l’escadron indique :

« Tout le personnel acquière un teint basané et de nombreuses heures de natation dans la rivière à 300 mètres du camping. L’hôtel Ridotto à Venise, le nouveau club dédié aux militaires du rang, élimine quelques-unes des difficultés que posait autrefois une journée de permission à Venise pour ces militaires. L’un des plus grands et des plus beaux hôtels vénitiens a été repris par les NAAFI pour les militaires du rang de tous les services et dispose d’une grande salle à manger où des déjeuners et des dîners complets sont servis à un prix modeste. Il y a également un casse-croûte, une cantine et un bar à glaces qui restent ouverts toute la journée. En plus de ces services, il y a un service « Say it with Flowers », une bibliothèque, un salon, des tables de ping-pong et de billard. Le service est rapide et la nourriture bonne, et il n’est donc plus nécessaire d’apporter ses propres rations dans la « ville des canaux ». Tout n’est pas fourni, cependant, et il faut encore trouver sa propre signorina — et cela, bien que l’offre soit abondante et de bonne qualité, est l’élément le plus difficile à obtenir à Venise.

La proximité de Venise et de Padoue attirait les hommes comme des mouches, chacun profitant de l’occasion pour voir réellement ces merveilles du monde de la Renaissance. Il semble que Lambie et ses amis aient fait deux voyages d’une journée à Venise ou un voyage de deux jours, car les photos de la collection de Lambie le montrent à Venise, mais portant deux ensembles de vêtements différents, ce qui indique qu’il est resté au moins deux jours dans la ville historique. Je vais les classer dans un ordre précis, mais je peux me tromper. Dans le premier groupe, Lambie est peut-être en compagnie d’officiers de relations publiques de la RAF, car quelques-uns de ces hommes, dont Lambie, ont été photographiés en train de visiter Venise en bateau. Dans cette séquence, Lambie porte un pantalon court, une chemise à manches roulées et des chaussettes aux genoux. Dans la deuxième séquence, par une journée nettement plus ensoleillée, il porte une veste de combat ouverte et un pantalon long.

Lambie et ses amis se trouvent dans les quais de location de gondoles et de chaloupes au pied de la Basilique de San Marco et de la place qui l’entoure. Ils regardent au-delà du canal de la Giudecca vers l’église de Giorgio Maggiore, le célèbre chef-d’œuvre bénédictin de l’île du même nom. Photo : Collection de Donald Lambie

Lambie est assis sur le toit d’un bateau à moteur dans l’embarcadère des gondoles qui circulent sur le canal de la Giudecca. Il semble y avoir une femme dans la cabine en dessous. Photo : Donald Lambie

Je n’arrive pas à l’identifier, mais ce pilote du 417e est accompagné dans sa gondole alors qu’ils descendent le Grand Canal avec style. La femme sur cette photo semble être la même que celle de la photo précédente. Il s’agit peut-être d’une infirmière sans uniforme ou d’une jeune fille du coin. Photo : Collection de Donald Lambie

De gauche à droite : Les trois Montréalais : Chuck Holdway (Les Cèdres), Bruce Johnston et Donald Lambie naviguent sur leur bateau à moteur sous le célèbre Pont des Soupirs à Venise. Il semble s’agir d’une photographie officielle de la RAF, car elle porte la mention « Crown Copyright Reserved » au verso et une inscription énumère les hommes présents sur la photo. Photo : Collection de Donald Lambie

Le Pont des Soupirs sur le Rio di Palazzo de Venise tel qu’il se présente aujourd’hui — exactement comme Lambie, Holdway et Johnson l’auraient vu il y a près de 80 ans. Photo : Shutterstock

Les deux copains de Lambie de la région d’Ottawa, Bob Latimer et Herb Slack, testent l’eau d’une fontaine située sur le parvis du chef-d’œuvre gothique Chiesa de San Zaccaria (Saint Zachary) à Venise. Photo : Collection de Donald Lambie

Le parvis ou « Campo di san Zaccaria » tel qu’il est aujourd’hui. Le bassin que nous voyons sur la photo précédente a été comblé, mais la fontaine est restée inchangée, à l’exception de son élévation. Photo via Google Maps.

Lors d’une de ses sorties à Venise, Lambie a rencontré et s’est lié d’amitié avec deux jeunes infirmières de la Croix-Rouge, probablement des volontaires américaines. D’après les photos, il semble avoir passé la journée avec elles. Notre homme semble n’avoir eu aucun mal à rencontrer et à nouer des relations avec les femmes qu’il a rencontrées. Je suis sûr que ses camarades plus timides aimaient être avec lui. Ces dames étaient resplendissantes dans leurs uniformes gris, leurs épaulettes blanches et leurs sourires radieux. Photo : Collection de Donald Lambie

En ce jour ensoleillé de juin 1945 à Venise, en compagnie du capitaine d’aviation Tony Bryan, DFC, que l’on voit ici en pose avec « Charm », l’une des deux infirmières de la Croix-Rouge qui les accompagnaient lors de cette visite. Photo : Collection de Donald Lambie

Les deux infirmières de la Croix-Rouge posent pour l’appareil photo de Lambie. Tout le monde a du bien profiter de cette belle journée : la guerre était finie, Venise était à leurs pieds, de beaux pilotes de chasse en compagnie de belles infirmières sous le soleil italien. Photo : Collection de Donald Lambie

D’après cette photo de Tony Bryan qui soulève l’une des deux infirmières de la Croix-Rouge, il est clair qu’ils partageaient une certaine complicité avec ces dames. Il faut garder à l’esprit qu’ils étaient tous dans la vingtaine, qu’ils se trouvaient dans une ville romantique et qu’ils venaient de survivre à une guerre, alors ils n’hésitaient pas à s’amuser un peu. Photo : Collection de Donald Lambie.

Dernier vol
Udine, Italie, 19 juin 1945

Les pilotes du 417e Escadron représentaient un mélange d’hommes de partout au Canada, dont un grand nombre de l’Ontario. En juin, ils étaient 22 Ontariens, 2 Néo-Brunswickois, 2 Saskatchewanais, 3 Manitobains, 4 Québécois, 1 Britanno-Colombien, un Américain (John Zelko) et un Mexicain (Tony Bryan). Les niveaux d’expérience de la guerre variaient : David Goldberg, Tony Bryan et Karl Linton avaient chacun mérité une Croix du service distingué dans l’Aviation (DFC) après des centaines de missions de combat. Il y avait également des vétérans très expérimentés comme Len Dudderidge et des hommes comme Lambie, Leach et Latimer qui ont connu les dernières évolutions de la guerre. Ces derniers étaient tout de même des pilotes de chasse aguerries, avec près de 60 missions à leur actif. Tous les pilotes du 417e partageaient un profond respect mutuel et une grande confiance entre eux. Pour la plupart, leur origine canadienne était un puissant dénominateur commun qui forgeait leurs liens et leur amour les uns pour les autres.

Pour la plupart d’entre eux, ils avaient un autre élément en commun. Le mardi 19 juin 1945 serait la dernière fois qu’ils piloteraient un Spitfire — l’apogée de leurs rêves de vol, la machine qu’ils aimaient tant et en laquelle ils avaient tant confiance. Ce jour-là fut parfait pour ce dernier vol — le temps était chaud, le plafond et la visibilité illimités. Les pilotes ont récupéré leur équipement de vol, se sont rassemblés à l’extérieur des hangars de Trévise et ont été rejoints par des dizaines de membres du personnel au sol et d’officiers d’état-major de l’escadron venus les voir partir. Le journal de l’escadron explique :

“Temps clair et très chaud. Les types PRO [Relations publiques-Ed], le S/L Williams et le F/L Dagleish sont arrivés pour une visite. Aujourd’hui, les pilotes se sont envolés avec leurs appareils bien-aimés pour la dernière fois lorsqu’ils les ont livrés à l’Unité de stockage d’avions (A.S.U --Aircraft Storage Unit-Ed] à Campoformido près d’Udine. Maintenant, tout le monde est occupé à nettoyer et à étiqueter le matériel pour l’envoyer au Centre de réparation et d’équipement (R.E.D. Repair and Equipment Depot) à Udine. À la fin de la semaine, nous n’aurons plus que nos tentes, notre matériel de cuisine et quelques véhicules M. T.”.

Lambie est l’un des 12 pilotes chanceux qui ont pu piloter leur Spitfire une dernière fois. Il note dans son carnet de vol : “Notre dernier vol pour un bon moment. J’ai dit adieu à « T » Tommy.” Bien qu’il ne le sache pas à ce moment-là, il ne pilotera plus jamais d’avion militaire. Son attachement personnel, voire émotionnel, au AN-T (LZ923) est évident dans ses paroles. L’ORB ne précise pas si les pilotes ont volé individuellement ou groupé en formation, mais j’espère que chacun d’entre eux a pu voler seul jusqu’à Campoformido et « danser dans les cieux sur des ailes argentées » avant de couper le contact de son Merlin pour la dernière fois.

À Trévise, en Italie, le 19 juin 1945, des pilotes se préparent à emmener l’ensemble des Spitfire de l’escadron vers l’unité de stockage des avions du terrain d’aviation de Campoformido, près d’Udine, à proximité de la frontière yougoslave. Tout l’escadron est sorti pour les accompagner. À Campoformido, ils remettent leur avion et c’est tout. Pour un bon nombre des pilotes du 417e, ce serait leur dernier vol aux commandes d’un avion, militaire ou civil. Photo : Collection de Donald Lambie

Les Spitfire Mk IX du 417e Escadron à Trévise en route vers Udine avec des réservoirs ventraux de 90 gallons fixés sous le fuselage. La distance entre Trévise et Udine est d’un peu plus de 100 km, les réservoirs externes étaient donc superflus. Il est possible qu’ils aient été nécessaires pour le retour en Grande-Bretagne après la remise des armes ou qu’ils aient tous voulu avoir un maximum de carburant pour pouvoir rester en l’air avec leurs Spitfire aussi longtemps que possible. Le Spitfire au premier plan ne porte pas le code « AN » du 417e Escadron. Photo : Collection de Donald Lambie

L’escadron 417 aligné à Treviso. Ces appareils apparaissent ensemble dans l’album avec les photos du dernier voyage à Udine, mais il est possible qu’elles datent d’une période antérieure, lorsqu’ils s’entraînaient pour le défilé aérien de la DAF en mai. Photo : Collection de Donald Lambie

Spitfire AN-L (MH773), que Lambie a noté comme « l’appareil de Bob ». En effet, Bob Latimer l’a piloté à de nombreuses reprises, tout comme d’autres pilotes de cette histoire, notamment « Bug Eyes », Desormeaux, Vern Herron, Tony Bryan, Chuck Holdway, Ted Whitlock et Al White. Il semble en grande forme. Notez la bande blanche autour du cône d’hélice. Sur la photo précédente, il y a un cône similaire (cinquième en ligne). Photo : Collection de Donald Lambie

Lambie aurait pu prendre une photo parfaite du Spitfire de Bob Latimer pour la postérité, mais lorsqu’il lui a remis l’appareil photo à l’aérodrome de Campoformido, il a obtenu des résultats plutôt médiocres. Comme c’est la seule photo que Lambie a prise des marques de « son » appareil, il l’a gardée. Lambie a inscrit : « Bob a pris une photo floue de moi juste après l’atterrissage de notre dernier voyage en Spitfire à Udine, juin 1945 ». Photo : Collection de Donald Lambie

Après son atterrissage à Campoformido, à Udine, Lambie et certains de ses hommes ont examiné quelques épaves de la Luftwaffe éparpillées sur le terrain d’aviation. Ici, le lieutenant d’aviation Jack Leslie, également de Montréal, examine la carcasse d’un Messerschmitt Bf 109 de la Luftwaffe. Photo : Collection de Donald Lambie

Le lieutenant d’aviation Jack Leslie inspecte les dommages subis par le Messerschmitt. Photo : Collection de Donald Lambie

Une autre photo d’Udine. Ce tas de cendres et de ferraille a peut-être été un Messerschmitt Bf 109 garé dans son abri. Les gars semblent amusés par certains mots prononcés — de gauche à droite : Le lieutenant d’aviation Leslie, Pete (le cuisinier de l’escadron apparemment — je ne sais pas comment il est arrivé à Udine), Chuck Urie et Herb Slack. Le lieutenant d’aviation Charles H. « Chuck » Urie, de Windsor, en Ontario, est décédé en novembre dernier, en 2021. Photo : Collection de Donald Lambie

Lambie avec son appareil — Spitfire Mk IX LZ923 à Udine le 19 juin 1945 — le tout dernier vol qu’il a effectué avec un Spitfire. Au total, Don Lambie a piloté l’AN-T (LZ923) à 35 reprises. Ce pilote de chasse, maintenant un vétéran, semble prêt à rentrer chez lui et à reprendre sa vie. Photo : Collection de Donald Lambie

Fin de la guerre, dispersion, retour au foyer

Comme il n’y avait plus d’avions à piloter et que tous les types d’équipement quittaient le terrain d’aviation en un flot continu, Lambie et ses camarades n’avaient rien d’autre à faire que d’attendre les ordres de transport vers un port italien pour embarquer pour leur retour. Le chroniquer de l’escadron [l’un de mes auteurs préférés de l’ORB] résume l’atmosphère des 23 et 24 juin :

« L’ordre du départ est tombé. Nous devons quitter Trévise le matin du 28 juin, en route vers Forli et Naples. L’annonce de cette nouvelle a provoqué une certaine agitation dans le camp. La date effective de la dispersion est le 1er juillet 1945 [comme il se doit, la fête du Canada].

Une journée mouvementée — des formulaires ici, du matériel là, des messages partout et l’équipe de démantèlement qui travaille à toute allure. »

Le 25 juin, l’escadron a appris que le Chester Herald of Arms in Ordinary au College of Arms à Londres avait ordonné à un artiste du collège de créer un insigne pour l’escadron 417 qui reflèterait les exploits de l’unité dans les campagnes d’Afrique du Nord et d’Italie. Le résultat montre un faisceau et une épée croisées devant un palmier avec la devise « Pro Libertate Et Justitia ». Soutenir la liberté et la justice. Cet insigne est encore porté aujourd’hui par les équipages des hélicoptères tactiques de la 417.

Lamentation de la 417e

Écrit lors de la dissolution de l’escadron 417 en 1945, chanté sur l’air de « Lily Marlene ».

(Aucune traduction officielle de disponible pour ce texte)

We are a few Canadians, here in Italy,
Working with the RAF boys, to win victory;
Going around with a vacant stare,
We have no clues, but do we care?

We're the riff-raff of the Air Force, And we're going home you see.
The poor old Royal Air Force are getting slightly cheesed,
Because we look so scruffy, and never try to please;
Buttons never polished, minus caps,
We don't say "Sir" to those dear chaps.

We're the riff-raff of the Air Force. But you ain't seen nothing yet.
We haven't much equipment, very little kit,
I guess you think we flogged it, that's not the 'arf of it;
We lost it all in battle, long ago- From Sicily, across the Po.

We're the Screwballs of the Air Force. But you ain't seen nothing yet.
What a scruffy outfit don't you all agree?
Just how we beat Jerry, it's very hard to see.
We even like, to have our tea, at ten o'clock, and half past three.

They call us NAAFI cowboys, We're nuts it's plain to see.
And when we left Treviso to start our journey home,
They piled us all on cattle cars, what a way to roam,
That's what we get when we volunteer
To leave our homes for over here, We wish that we were Zombies,

And back in Canada We always are in trouble with the RAF,
Because we don't like discipline; we don't go for that stuff.
So we go on our merry way,
And drive them nuts, from day to day.

We're the Screwballs of the Air Force, And we're attached to DAF.
Thanks, you lucky people who are gathered here,

We'll act on your suggestion, and let you buy the beer.

Now that you have seen all of us,
You may not like our ugly puss,
Yet you must all agree, folks,
That we're ridiculous.

Retour en Grande Bretagne
5 au 14 juillet, 1945

Arrivé à Naples en train le 30 juin, Lambie est redirigé vers le Centre de transit du personnel n° 56, le même camp où il avait séjourné lorsqu’il était arrivé d’Égypte en Italie. Il n’avait que 5 jours à attendre là avant de prendre le transport vers le port de Naples, où il embarquerait sur le HMS Ascania, un croiseur marchand armé et transporteur de troupes, anciennement le paquebot de la compagnie de croisière Cunard du même nom. Le voyage de retour de l’Ascania comprenait une escale en Sicile (où il avait participé à l’invasion) pour récupérer d’autres troupes.

Lambie, en tant qu’officier, bénéficiait à bord de beaucoup plus de confort que les hommes de la troupe qui étaient confinés sur les ponts inférieurs en grand nombre. En route, Lambie et son ami Gerry Minnis ont beaucoup aimé la compagnie de deux officiers féminins de l’armée britannique.

Le HMS Ascania, un ancien paquebot de la compagnie de croisière Cunard, a transporté Lambie de Naples à la Sicile, puis Liverpool. L’Ascania a été approprié par la marine en 1939 et transformé en croiseur marchand armé. Armé de 8 canons de 6 pouces et de 2 canons de 3 pouces, il devient le HMS Ascania et porte le numéro de fanion F68. Il navigue avec la Halifax Escort Force et plus tard avec la North Atlantic Escort Force pour assurer la protection des convois. De novembre 1941 à septembre 1942, il est déployé en Nouvelle-Zélande. En octobre 1942, il est retourné au Royaume-Uni et a été employé comme navire-transporteur de troupes par Ministry of War Transport. L’année suivante, l’Ascania est modifié en Landing Ship Infantry et participe à l’invasion de la Sicile en 1943, aux débarquements d’Anzio et à ceux du sud de la France en 1944. Photo : Collection de Donald Lambie.

Depuis le pont promenade, Lambie prend une photo du panneau d’identification de l’Ascania sur le côté bâbord de son pont ouvert, tandis qu’un de ses officiers descend l’échelle à l’arrière. Avant la guerre, les parties supérieures de l’Ascania étaient peintes d’un blanc éclatant dans le style Cunard, avec une cheminée rouge vif coiffée de noir, mais pendant la durée de son service dans la Royal Navy, Ascania a été peint en gris cuirassé. Photo : Collection de Donald Lambie.

Pendant le voyage vers la Sicile, puis celui du retour au pays, Lambie a beaucoup apprécié la compagnie de deux officiers féminins du Service territorial auxiliaire qu’il identifie comme étant Joan Westwood (à gauche) et un autre lieutenant qui est simplement appelé « Scottie ». Scottie semble porter un type d’épaulette différent de celui des autres membres que j’ai vus de ce service, donc si je me trompe, j’aimerais le savoir. Photo : Collection de Donald Lambie

Lambie et son collègue officier Gerry Minnis posent pour l’appareil photo de Joan Westwood. Minnis, sur lequel je ne trouve aucune information, semble être un officier de l’armée britannique ou canadienne. On peut voir appareil photo tellement choyé par Lambie dans sa main. Lambie a dû correspondre avec Joan Westwood après la guerre et échanger des photos du voyage, car j’ai trouvé la photo suivante affichée par Westwood sur un site dédié aux voyages de l’Ascania. Photo : Collection de Donald Lambie

Lambie prend une photo de Joan (toujours avec un sourire radieux) et Scottie dans la même position que la photo précédente. Photo : Collection de Donald Lambie

Lieutenant Joan Westwood et Gerry Minnis affichent un grand sourire devant la caméra alors qu’ils scrutent l’horizon en route vers la Sicile. Photo : Collection de Donald Lambie.

Alors que les sous-gradés sur le pont inférieur sont entassés et privés de la compagnie de femmes, Lambie et Gerry Minnis (au premier plan) trouvent l’ombre d’un canot de sauvetage accompagné d’au moins sept femmes. Lambie était probablement couché dans l’espace vide qu’on aperçoit entre Minnis et Joan Westwood. Photo : Collection de Donald Lambie

En regardant vers l’arrière le long du pont principal, nous voyons la cuve du canon antiaérien de l’Ascania et de nombreux militaires qui passent le temps. Photo : Collection de Donald Lambie

Les soldats, les marins et les aviateurs se pressent sur le pont principal arrière pour écouter un spectacle musical donné par un pianiste et tout probablement d’autres musiciens. Les soldats et les sous-officiers ne disposaient pas du même confort que les officiers sur le pont supérieur. Les derricks, les manches à air du type dorade et le couvert de machinerie sont les mêmes que sur la photo précédente. Photo : Collection de Donald Lambie

Lambie et ses amis Joan Westwood et Scottie ainsi que d’autres officiers féminins profitent du concert depuis le du pont des canots de sauvetage faisant office de « balcon ». Ils portent des vêtements plus chauds, ce qui signifie que cet événement a pu avoir lieu alors que le navire naviguait vers l’ouest et le nord en route vers Liverpool. Photo : Collection de Donald Lambie.

Vers la fin de leur voyage, Lambie et Westwood posent ensemble. Lambie est en tenue civile complet. Le temps se rafraîchit manifestement, peut-être se rapprochent-ils de Liverpool. Photo : Collection de Donald Lambie

De retour à Liverpool. Le HMS Ascania vient de s’amarrer au terminal passager de Liverpool et la passerelle est abaissée. Alors qu’une fanfare de l’armée britannique joue un message de bienvenue, des officiers montent à bord pour coordonner le débarquement avec les officiers du navire. Nous sommes le 14 juillet 1945. Photo : Collection de Donald Lambie

De retour à Bournemouth
15 juillet au 12 août 1945

Après avoir mis le pied à Liverpool, Lambie s’est rendu le même jour en train à Bournemouth, un voyage de 310 kilomètres. Bournemouth agissait à la fois comme portière par laquelle les aviateurs de l’ARC intégraient la guerre, et par où ils en sortaient pour prendre le chemin du retour. Lambie s’est retrouvé dans la ville balnéaire le 15 juillet et il y est resté jusqu’au 12 août en attendant les ordres de retour.

Face à quatre semaines d’attente, il a profité de son temps pour rendre visite à sa tante et à son oncle près de Cambridge et pour passer du temps avec d’autres Canadiens de l’armée de l’air et des officiers de l’armée canadienne en congé du camp de transit de l’armée d’Aldershot, à 100 kilomètres au nord-est. Lui et ses copains agissaient comme n’importe quels touristes dans une station balnéaire. Ils prenaient le soleil sur les promenades et les plages, ils se sont habillés pour dîner, ont bu des bières fraîches dans les jardins de l’hôtel et ont rencontré de jeunes femmes sur la plage.

Quai et plage de Bournemouth, juillet 1945. La guerre est terminée et le front de mer de Bournemouth est bondé de militaires canadiens et d’habitants de la région. C’est la mi-juillet en Angleterre, mais tout le monde est habillé pour un temps plus frais. Les gens sont heureux d’être ici, mais ont hâte de rentrer au Canada. Photo : Collection de Donald Lambie.

Pendant son séjour à Bournemouth, Lambie s’est entretenu avec un couple d’officiers de l’armée canadienne du camp de transit militaire d’Aldershot, situé à proximité. Ici, les gars ont loué des vélos pour se promener sur le front de mer bondé de jeunes gens sortis pour la journée et qui ne savent pas quoi faire d’eux-mêmes. Le soldat à gauche est Frank Dorchester, de Vancouver, bien que je n’aie trouvé aucune mention de lui dans les journaux de Vancouver de cette journée. Photo : Collection de Donald Lambie

Pour la dernière étape de son voyage de guerre, Lambie monte à bord du HMT Duchess of Richmond pour la traversée de l’Atlantique et le retour au pays. L’ancien navire du Canadien Pacifique a quitté Liverpool le 12 août et est arrivé à Québec le 18 août. Le Duchess of Richmond a été affrété comme navire transporteur de troupes en janvier 1940 jusqu’en 1947, date à laquelle il a été rendu au Canadien Pacifique, réaménagé et rebaptisé Empress of Canada.

Reprendre le fil de sa vie

Comme la plupart des citoyens soldats de la Seconde Guerre mondiale, Lambie est rentré chez lui pour voir s’il pouvait reprendre le fil de sa vie et construire l’avenir pour lequel il s’est battu. Il est revenu à Montréal le 19 août et a immédiatement pris un congé d’un mois. Il a finalement été libéré de l’ARC le 28 septembre 1945 au Centre de libération no 2, à Lachine. Lambie a par la suite retrouvé son ancien emploi à la Continental Insurance Company et a continué dans ce secteur jusqu’à sa retraite. Après la mort de son père, il a fait venir sa mère pour vivre avec lui à Toronto, ce qu’elle a fait jusqu’à sa propre mort au début des années 1970.

Comme tant d’autres membres de cette classe de guerriers calmes et humbles, Lambie a mené une vie bien remplie caractérisée par un engagement communautaire et de leadership, surtout dans les domaines qu’il aimait tant : son église, le mouvement scout, son milieu d’affaires et ses associations, et la communauté dans son ensemble par l’entremise de l’ordre maçonnique. Donald Lambie est décédé à l’âge de 99 ans dans une résidence pour anciens combattants à Toronto en 2020. Je regrette beaucoup que dû à la pandémie, nous n’ayons pas pu lui ramener son album.

La vie de Donald Lambie après la guerre est caractérisée par un long service à la communauté. L’Ordre maçonnique est peut-être le meilleur moyen de répondre à son besoin d’appartenance et de contribution. Lambie a occupé plusieurs postes élevés dans cet ordre à Montréal et à Toronto, notamment celui de Grand Maître adjoint du District 2 de Toronto et de membre de l’Ordre de 33 degrés A & ASR (Ancient and Accepted Scottish Rite of Freemasonry of Canada). Nous le voyons ici portant les insignes bleus royal et or d’un Grand Maître adjoint. Photo : Collection de Donald Lambie

Mots de la fin

Il a fallu deux ans et demi à Donald Lambie pour rejoindre une unité de combat. Son parcours a été tortueux et semé d’embûches, mais il a fini par arriver en Italie et a certainement contribué à la victoire. Il a même pu savourer cette victoire dans un théâtre de combat. Le récit de ce voyage est unique en son genre : un album épais, jauni, relié en cuir, qui représente les premières et les dernières étapes de ce voyage. C’est un récit dans lequel on rencontre d’autres citoyens guerriers comme lui et on en croise d’autres dont les noms sont bien connus dans le monde de l’aviation. Il est allé de Lachine au Lac de Santa Croce, de Borden à Bellaria et du Cap-de-la-Madeleine au Caire. C’est une sacrée histoire qui aurait pu s’évaporer avec son souvenir s’il n’avait pas perdu son album qui racontait toute cette aventure. Car en perdant son album, Donald Lambie a gagné un champion — l’homme qui, avec son frère Tim, l’a sauvé de l’abandon — Jeff Krete, un amoureux de l’histoire et des braves hommes et femmes qui la peuplent.

Sans les efforts de Jeff, Donald Walter Lambie serait devenu un simple nom sur de banales listes gouvernementales. Loin de là, son histoire anime une période unique de l’histoire de l’ARC et met en valeur les autres Canadiens qui y étaient — Leach, Slack, Latimer, Holdway, Goldberg, Smythe, Herron, Evans, Bryan, Dudderidge, Whitlock, Marshall, White, Linton et Hope et bien d’autres. Quelle meilleure façon de terminer cette odyssée en trois parties, composée de 300 photos et de 55 000 mots, que de la boucler avec l’homme qui l’a lancée — Jeff Krete, artiste, environnementaliste, chasseur, voyageur et collectionneur :

« Retrouver un vieil album photo contenant toutes les images de Donald Lambie datant de la guerre est tout simplement un miracle canadien — malheureux qu’il ait été perdu d’une manière ou d’une autre, mais beaucoup plus miraculeux que nous ayons pu le retrouver intact. Nous sommes des gens qui s’intéressent à l’aviation, aux choses anciennes, à notre histoire et aux personnes intéressantes qui l’animent. J’ai personnellement une profonde passion non seulement pour les avions d’époque, mais aussi pour les pilotes et les personnes qui ont beaucoup sacrifié pour notre pays. Lorsque cet album photo a commencé, je n’avais aucune idée que nous serions un jour en mesure de raconter l’histoire de Donald Lambie. J’avais tort ! »

J’aurais aimé que nous puissions rencontrer Donald et lui rendre l’album. Par l’intermédiaire de sa femme Karen, Don savait que nous l’avions trouvé et elle a partagé quelques souvenirs qu’il lui a décrits lors de ses dernières visites. Apparemment, il s’est remémoré avec beaucoup d’émotion plusieurs aventures passées. Bien que les restrictions imposées par le Covid et une santé défaillante nous aient empêchés de le rencontrer avant sa mort, j’ai le sentiment que nous avons appris à le connaître grâce à notre voyage de recherche. Je serai toujours capable de le reconnaître sur une vieille photo comme je le ferais pour un membre âgé de ma famille. D’une certaine manière, je suis triste que nous soyons arrivés à la fin de l’histoire de Donald. Pour moi, le voyage a été comparable au visionnement d’un grand film pour lequel je sais qu’il n’y aura pas de suite. Peut-être avons-nous pu ajouter un morceau de plus à une histoire beaucoup plus vaste — une histoire composée de gens extraordinaires provenant de notre pays qui se sont démontrés égaux aux défis de la Seconde Guerre mondiale, pour défendre les libertés dont nous jouissons aujourd’hui au Canada… Il s’agit de la plus grande génération, comme on le dit souvent !

J’ai récemment rencontré Karen, l’épouse de Donald, chez elle à Toronto. Après avoir noué une relation par téléphone et par de nombreux courriels, elle m’a confié le carnet de vol de Donald, ses papiers, ses souvenirs, ses médailles, ses ailes de pilote et d’autres objets de sa collection. Ces objets méritent leur place dans une collection de musée, de même que nos articles racontant tout d’abord l’histoire de ses contributions comme pilote de Spitfire en temps de guerre et par la suite, l’homme très respecté qu’il est devenu dans sa communauté. Nous sommes maintenant à la recherche d’un bon foyer pour la collection complète, y compris l’album photo perdu contenant plus de 350 images, dont beaucoup ont été partagées dans ces articles. Si quelqu’un peut nous aider à cet égard, ce sera très apprécié.

Enfin, je suis très reconnaissant et heureux que mon ami Dave O’Malley ait accepté de relever le défi de la recherche approfondie nécessaire pour raconter l’histoire de Donald. Dave était sans aucun doute l’homme égal à la tâche et c’est à lui que revient une grande partie du mérite de la qualité des résultats obtenus ici.

Jeff Krete, 31 mai 2022

Un portrait de studio de Lambie, probablement à la fin de la quarantaine ou au début de la cinquantaine. Toujours aussi bien habillé, toujours aussi élégant, mais maintenant muni d’un regard confiant et sage témoignant une vaste expérience.

 
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