Les premiers vols à Ottawa - Épisode Trois

Il est 1913 et Ottawa prend du retard dans le monde de l’aviation. Une décennie déjà s’est écoulée depuis le premier vol des frères Wright et un seul homme a piloté un avion dans le ciel d’Ottawa. Il s’agit de Lee Hammond, qui, deux ans auparavant, a réussi des démonstrations à bord du Red Devil du capitaine Thomas Scott Baldwin lors de l’Exposition du Canada central. Depuis, tous ceux qui s’intéressent à l’aviation à Ottawa devaient se contenter d’articles dans les journaux locaux, dans la nouvelle sélection de magazines d’aviation comme L’Aérophile en France, Flight au Royaume-Uni et Popular Science aux États-Unis, ou en se déplaçant pour assister à des démonstrations dans une autre ville ou même un autre village.

Tous les passionnés d’aviation de la région qui ont suivi les exploits des aéronautes européens et nord-américains connaissent très bien les deux hommes qui vont finalement combler ce vide dans le domaine aérien à Ottawa en 1913. L’un d’entre eux est un jeune prodige qui a épaté les citoyens d’Ottawa lors de l’Exposition et l’autre est un homme qui a pour mission d’être le premier aviateur à transmettre des nouvelles d’une province canadienne à une autre. La fin de l’été et le début de l’automne de cette année-là s’avèrent des périodes d’activité intense dans le pré à moutons connu sous le nom de Slattery’s Field et sur le site de la foire agricole du parc Lansdowne. Voici leurs histoires.

Peoli, tout jeune aviateur, septembre1913

Cecil Malcolm Peoli construisait encore des modèles volants en 1911. Il a appris à piloter à l’âge de 17 ans en 1912, et un an plus tard, il pilote un avion Baldwin Red Devil autour de la colline du Parlement à Ottawa. Il crée sa propre avionnerie et conçoit un appareil à l’âge de 21 ans. Il sera enterré dans le Bronx à l’âge de 22 ans. Sa vie a été courte, mais remplie d’adoration et de réalisations considérables. Lorsque sa participation à l’exposition est annoncée, il est déjà connu de tous.

Cecil Peoli est sans doute mieux connu aujourd’hui, non pas pour ses premiers vols de pionnier ni pour avoir créé sa propre société d’aviation, mais plutôt pour le travail de conception qu’il a effectué avant même d’être en âge d’obtenir son brevet de pilote. En tant que membre du New York Model Aero Club, un club de garçons réservé aux aspirants concepteurs et constructeurs d’avions, il a conçu plusieurs avions qui ont été primés en 1909. Les dessins de l’un de ses modèles, connu aujourd’hui sous le nom de « Peoli Racer », sont toujours disponibles sur l’Internet.

Ses succès en modélisme attirent l’attention de Thomas Baldwin et le capitaine le recrute pour le former en tant qu’aviateur d’exhibition. Lorsque Peoli obtient son brevet (n° 141) en juin 1912, il est le plus jeune aviateur breveté d’Amérique. Avec à peine quelques dizaines d’heures de vol à son actif, Baldwin l’emmène en mission depuis l’aérodrome de Long Island à Mineola (New York) jusqu’à Barrie (Ontario) pour un engagement d’une semaine, puis jusqu’à Saint John (Nouveau-Brunswick) où le tout jeune aviateur s’inscrira dans l’histoire des Maritimes.

On trouve aujourd’hui sur Internet les plans de l’appareil de Peoli, le « Peoli Racer », muni de deux hélices propulsives, soit l’un des modèles les plus durables et les plus populaires de l’histoire de l’aviation artisanale et sportive. Selon The Second Boys' Book of Model Aeroplanes (1911), son modèle propulsé par un élastique détenait le record américain de temps de vol de soixante-cinq secondes. Il revendique également un record de distance de 515,57 mètres. Le livre indique également que la conception de Peoli « montre une appréciation intelligente des principes impliqués ». Photos: The Second Boys' Book of Model Aeroplanes

La jeunesse de Peoli a captivé l’imagination du public. Il avait la moitié de l’âge de Wilbur Wright lorsqu’il a effectué son premier vol et partout où il est allé, sa jeunesse a beaucoup intéressé les journaux locaux. Le Brooklyn Daily Eagle, dans un article publié pendant son séjour à Ottawa, décrit Peoli comme suit :

« De petite taille, aux cheveux clairs et au sourire charmeur, Cecil semble encore plus jeune qu’il ne l’est en réalité. En discutant avec ce jeune homme timide et modeste, on peine à croire qu’il vol partout au pays depuis près d’un an. Les vétérans tels que le capitaine Baldwin, George Beatty et d’autres le considèrent comme l’un des principaux aviateurs professionnels d’Amérique. »

Malgré l’attention portée à son jeune âge par la presse, Cecil Peoli était aussi sérieux que les frères Wright en ce qui concerne le vol et la science de l’aérodynamique. En effet, c’est son dévouement envers l’aérodynamique, l’ingénierie et la stabilité en vol par la construction de modèles qui a d’abord attiré l’attention de Thomas Baldwin. Il ne fait aucun doute que Baldwin, qui gagnait son pain grâce aux démonstrations de son avion Red Devil, a très bien compris qu’un séduisant jeune pilote pouvait plaire à la foule lors de ses démonstrations. Il est très probable que Baldwin ait également compris que les gens seraient plus confiants dans ce nouveau monde de l’aviation s’ils voyaient qu’un simple garçon pouvait apprendre à voler avec autant d’assurance et d’habileté.

Un beau portrait du tout jeune aviateur Cecil Peoli avec un avion Baldwin Red Devil. Au cours de sa tournée en Amérique du Sud, six mois après Ottawa, il a été surnommé « el Niño Aviador » (le petit aviateur). Remarquez la transparence du radiateur

Invariablement les articles de presse sur les vols de Peoli dans tout l’est du Canada et aux États-Unis commençaient par un paragraphe de commentaires sur son âge et son apparence. En effet, ce jeune homme, dans la force de l’âge, aimait emmener les femmes en vol. Par exemple, le Berlin News Record [la ville a changé son nom de Berlin à Kitchener pendant la Première Guerre mondiale — NDLR] a rapporté le 2 août 1912 :

« Peoli est le jeune homme que le capitaine Baldwin a transformé en pilote avec une rapidité inégalée dans les annales de l’aviation. Quelques jours après avoir pris place dans un avion pour la première fois, il a effectué de longs vols et il est maintenant considéré comme l’un des aviateurs les plus habiles de l’histoire de Long Island. Avant de s’envoler avec sa mère hier, il a effectué un vol avec Miss Cassie McLaughlin. Après dix minutes et plusieurs circuits autour du terrain, il s’envola de nouveau avec Mme William Heina, l’épouse d’un autre aviateur. Il a ensuite invité Mme Peoli à prendre place dans l’appareil.

La mère n’éprouve aucune crainte au sujet de son fils. Par son air serein en prenant place dans le biplan, elle a manifesté sa confiance en son fils. C’est une jeune femme et lorsque l’appareil quitte le terrain, elle salua de la main la foule. Comme pour montrer qu’il n’a pas peur, le jeune Peoli fait grimper à pic son appareil dans le ciel et commence aussitôt à planer dans le ciel…

… “C’était glorieux”, a déclaré Mme Peoli en sortant de l’appareil et en replaçant ses cheveux ébouriffés par le vent. “Je n’ai jamais eu peur pour Cecil lorsqu’il a commencé à voler et maintenant je suis séduite. J’aimerais être assez jeune pour apprendre à piloter. Je deviendrais certainement aviatrice et je pourrais alors tenir compagnie à mon fils.” a-t-elle dit ».

Cassandra, la mère de Peoli, l’accompagne à Ottawa et le voit épater les foules aux Exhibition Grounds et au-dessus de la ville. La jeunesse de Peoli est mise en évidence ici en comparaison au jeune âge de sa mère. National Air and Space Museum Archives, Smithsonian Institution.

Même si Cecil Peoli allait bientôt faire parler de lui à Ottawa, il avait en fait déjà effectué des vols dans la région deux mois auparavant, le 4 juillet 1913, dans le petit village agricole de Lanark, en Ontario, à environ 80 kilomètres au sud-ouest de la capitale. Cependant les vols dans ce village rural n’ont pas fait l’objet de la même attention sensationnelle dans les journaux d’Ottawa qui l’attendront plus tard, mais le Citizen a quand même rapporté :

LES VIEUX COPAINS DE LANARK PASSENT UNE JOURNÉE SPLENDIDE.

Le vol d’avion le plus réussi, la Governor General’s Foot Guards et d’autres événements

« Deux vols brillants et très réussis de Paoli [sic], le sensationnel aviateur américain, à bord de son avion, ont grandement contribué à la prospérité de la journée de vendredi, la journée phare de la réunion des vieux copains au village de Lanark. Des foules considérables ont littéralement envahi le village pour voir Paoli s’envoler vers les nuages à bord de son Red Devil. Le premier vol était prévu pour 14 h. Mais bien avant l’heure, la ferme Monahan, d’où les vols étaient effectués, était bondée de gens impatients de voir apparaître l’homme qui allait conquérir les cieux bien au-dessus de leurs têtes à bord de sa machine impressionnante.

Tout le monde a applaudi l’aviateur, dès son apparition. Il a été suivi peu après par sa machine, portée sur une grande camionnette express. Ce fut le signal pour une autre acclamation chaleureuse, en fait de plusieurs acclamations. À 14 h précises, il est monté dans sa machine et, en quelques minutes, il a grimpé dans les airs, atteignant une hauteur de plus de mille mètres. Dans cette troisième dimension, il a effectué plusieurs démonstrations électrisantes de la façon dont un aéronef peut être guidé vers le haut, vers le bas et dans toutes les directions. La foule importante au sol a manifesté son plaisir et son appréciation en applaudissant. »

Il est difficile de croire que le jeune homme qui a tant bouleversé le monde de l’aviation en volant depuis le champ d’un fermier situé à 80 kilomètres d’Ottawa ait fait l’objet d’une couverture médiatique aussi maigre, surtout si l’on pense à la pénurie d’activités aériennes dans la ville à l’époque. L’Ottawa Journal s’est contenté de brièvement rapporter les événements de Lanark ainsi :

« Le défilé s’est terminé au terrain de baseball, où des repas ont été servis à 13 h 30, après quoi le vol de l’aéroplane de Paoli [sic] sera d’un vif intérêt. L’avion appartient au capitaine Thomas Baldwin de New York. »

C’est tout ce qu’ils ont écrit. Malgré ce manque d’intérêt de la part de la presse locale, il est enfin fêté, deux mois plus tard, lorsqu’il revient faire des vols de démonstration pour la foule dans les tribunes de l’Exposition du Canada central. Le samedi 6 septembre, Peoli, sa jeune mère et leur entourage sont de retour et l’Ottawa Citizen rapporte que :

« L’avion, qui doit effectuer son premier vol lundi à 11 h, est maintenant installé en toute sécurité dans une grande tente à l’extrémité est de la grande tribune. L’aviateur Cecil Peoli, prend toutes les précautions nécessaires pour éviter les accidents. Certains câbles ont dû être enlevés pour installer la tente. Tous les câbles susceptibles de gêner la machine devant la tribune ont été enlevés et remplacés par des poteaux portatifs pour l’éclairage. Un espace de 60 x 90 mètres est nécessaire pour permettre à la machine décoller et atterrir en toute sécurité. Le directeur Thomas Baldwin de New York est en route vers Ottawa afin d’inspecter minutieusement les environs. »

Malgré son jeune âge, Peoli était un aviateur prudent. Le jour de l’inauguration, il n’a pas succombé aux pressions de poursuivre sa démonstration de vol en dépit des vents violents qui menacent son appareil fragile, car la charge alaire des ailes est si légère ; il attend plutôt le lendemain pour que les conditions s’améliorent. L’Ottawa Citizen du 8 septembre explique la situation difficile de Peoli en terminant, comme toujours, en soulignant son charisme :

Même avant 8 h, une foule d’enfants attendait aux portes principales. Ils ont cependant été déçus par l’annonce que Cecil M. Peoli, le jeune aéronaute, ne pourrait pas prendre les airs en raison du vent fort du nord-ouest qui soufflait sur la tribune à 11 h 30, heure du décollage, à une vitesse de 30 km/h. Si le vent tombe ou souffle dans une autre direction, il décollera cet après-midi à 16 h.

PEOLI EST DÉÇU

Peoli a déclaré que s’il avait tenté de voler ce matin, le vent aurait fait basculer son appareil, provoquant ainsi un résultat désastreux. Il était très déçu de ne pas pouvoir effectuer un vol. Ce n’est que la deuxième fois cette année qu’il n’a pas pu voler au moment voulu.

Peoli n’a que 18 ans [sic], c’est un homme intelligent et élégant. Il est le plus jeune aéronaute du monde. Sa machine est à l’abri dans une grande tente près de l’extrémité de la tribune. Si les conditions météorologiques le permettent, il effectuera deux vols par jour pendant la durée de l’Exposition, le premier à 11 h 30 et l’autre à 16 h.

Lorsque Cecil Peoli s’est envolé du parc Lansdowne en 1913 et a fait trois fois le tour des édifices du Parlement, il n’avait que 19 ans. Bien que jeune, il a habilement démontré les exploits de l’avion Red Devil appartenant à Baldwin de Kitchener à Caracas, de Saint John, au Nouveau-Brunswick à l’Indiana. Photo: National Air and Space Museum Archives, Harold E. Morehouse Flying Pioneers Biographies Collection.

Le 9 septembre, la persistance des vents violents a contraint Peoli à déplacer ses opérations à Slattery’s Field qui lui offrait davantage d’espace pour décoller et atterrir que dans la zone limitée devant la tribune d’honneur. On ignore s’il s’est déplacé en vol ou si son avion a été démonté et transporté par chariot ou camion. L’Ottawa Citizen a publié un article à ce sujet :

À 10 h, le jeune et courageux aviateur Cecil Peoli annonce au secrétaire McMahon que les conditions sont favorables à un vol et on lui donne le feu vert pour continuer. Mais au bout d’un quart d’heure, un vent violent se lève.… … les directeurs ont tenu une conférence ce matin et ont décidé que l’aviateur serait autorisé à transférer son avion sur le terrain de Slattery pour commencer. C’est sur ce terrain que les vols ont été effectués il y avait deux ans. Peoli dit qu’il effectuera un vol cet après-midi à partir du terrain de Slattery, en passant juste devant la grande tribune, et qu’il atterrira probablement devant la tribune. Dès que le vent tombera, l’avion sera ramené et les décollages et atterrissages se feront devant les tribunes.

Enfin, après des retards et le transfert du Red Devil à Slattery’s Field, Peoli est finalement de retour dans les airs, comme le rapporte l’Ottawa Citizen :

« Les deux vols de cet appareil ont été sans aucun doute les meilleurs vus à Ottawa. Ce fut particulièrement le cas lors du dernier vol, vers 15 h, lorsque l’homme-oiseau atteignit une altitude de près de 1520 mètres, soit à quelques mètres près d’un mile au-dessus du sol. Là, on est loin de la planète. Les vols décollent du champ de Slattery, ce champ que l’exposition rend célèbre une fois par an. Il se trouve en face du parc des expositions, de l’autre côté du canal. En quittant le terrain pour le deuxième vol, l’appareil s’éleva lentement au-dessus du terrain et monta en spirale de plus en plus haut jusqu’à ce que l’aéronef ne soit plus qu’une tache dans le ciel. Le pilote semblait maîtriser parfaitement son biplan et vola en circuits afin d’offrir le meilleur profil possible à la foule de la tribune. »

« Puis alors, il amorça sa descente. Lentement, il descendit comme un oiseau majestueux cherchant un endroit pour atterrir et flotta au-dessus de Bank Street, à quelques mètres au-dessus des fils électriques sans toutefois les toucher. Ensuite, il passa prudemment à l’extrémité ouest du terrain, devant la tribune. L’avion a entamé un virage vers le bas et avec un aplomb impressionnant frôla ainsi le sol à quelques mètres jusqu’à ce qu’il soit presque directement en face du centre de la tribune. Il toucha alors légèrement le sol, parcourut une centaine de mètres le long du terrain situé à l’est du terrain de baseball et s’arrêta. La foule n’a cessé d’applaudir ce magnifique atterrissage. »

À 19 ans, M. Peoli est l’un des plus jeunes aviateurs de cette profession. Il espère pouvoir décoller devant la tribune d’honneur au cours de la semaine. « C’est un espace si petit qu’à moins que le vent ne souffle parfaitement, ce serait impossible. Je le tenterai si le vent souffle le long de la piste parallèle à la tribune. Mon décollage depuis le terrain de l’Exposition dépend totalement des vents. Il n’y a pas beaucoup de place, même pour atterrir.

La mère de l’aviateur était parmi les spectateurs du vol et après l’atterrissage, elle s’est intéressée de près à la remise en place de la machine sous la tente à côté des pistes. C’est un travail qui demande beaucoup d’attention et tout le monde sur le terrain voulait aider. »

La zone marquée en jaune est reconnue par les historiens d’Ottawa-Est comme étant le terrain Slattery’s Field réservé aux moutons et au bétail et qui servait, au besoin, comme terrain d’aviation. Images via http://history.ottawaeast.ca/

Si ces vols ont ravi la foule, c’est ceux du jeudi 11 septembre qui ont véritablement allumé les citoyens d’Ottawa. Ils l’ont acclamé depuis le parc Lansdowne tout en se tordant le cou pour le voir survoler le centre-ville d’Ottawa et faire des circuits autour des édifices du Parlement, à deux miles du site de l’Exposition. L’Ottawa Citizen décrit son exploit aérien :

VOL SPLENDIDE D’UN AÉRONEF AU-DESSUS DE LA VILLE.

Des milliers de personnes aujourd’hui ont admiré Peoli évoluer gracieusement

« Des centaines de spectateurs émerveillés ont vu Cecil Peoli et son avion effectuer un grand détour par la ville aujourd’hui. Il est parti de la tribune et a décrit une courbe en direction de Hintonburg, puis en changeant de cap a suivi une ligne au-dessus de Bank Street jusqu’aux bâtiments du Parlement. Il a volé à une altitude considérable et des milliers de personnes l’ont vu grimper majestueusement au-delà de la fumée. À l’approche de la colline du Parlement, il bifurqua vers l’est, passa directement au-dessus du bâtiment du Citizen [qui se trouvait alors à l’angle des rues O’Connor et Queen - NDLR] et, lorsqu’il fut à peu près au-dessus du Château Laurier, on le vit, à la grande joie des nombreux observateurs admiratifs sur tous les toits les plus élevés de la ville, piquer du nez pour atteindre une vitesse vertigineuse.

Aussi gracieux qu’un goéland, il contrôla sa vitesse et fit trois circuits des tours des bâtiments gouvernementaux. À l’aide de jumelles, ceux qui se trouvaient au sommet du Citizen Building pouvaient même apercevoir le visage de l’aviateur qui manipulait consciencieusement le volant et les leviers. Il semblait s’amuser comme un fou. Après avoir accompli [son] grand triple circuit, il s’éleva à nouveau et s’éloigna vers l’ouest de la rue Bank jusqu’au champ de l’Exposition. Avant d’atteindre la tribune, il a traversé la rue Bank et à l’aide d’un virage en spirale s’est posé devant la tribune est. »

Bien qu’il s’agisse d’une image composite des édifices du Parlement de l’époque et d’une image de Peoli pilotant le Red Devil, elle donne une idée de ce qu’un invité du Château Laurier regardant de sa fenêtre en 1913 aurait pu voir quand le jeune aviateur faisait trois circuits autour de la Colline parlementaire.

Un biplan Baldwin Red Devil modifié semblable à celui que Cecil Peoli a piloté au-dessus d’Ottawa en septembre 1913. Il diffère du Red Devil piloté par Lee Hammond deux ans plus tôt en ce que le stabilisateur horizontal de contrôle du tangage se trouve à l’arrière du fuselage, comme la plupart des avions sont configurés aujourd’hui. L’ancien Red Devil de Hammond profitait d’une grande surface de contrôle en tangage installée devant le siège du pilote. Photo : Smithsonian National Air and Space Museum

L’Ottawa Journal, toujours moins éloquent, publie :

IL PARCOURT LA VILLE ENTIÈRE DANS SON AÉRONEF

Premier vol au-dessus de la capitale effectué aujourd’hui

Peoli réussit une démonstration remarquable

Trajet rapide depuis le parc Lansdowne : Il a bouclé la rue Sparks et les édifices du Parlement avant de retourner au parc des expositions.

« Une émotion intense a régné dans la ville vers midi aujourd’hui lorsque l’avion du parc des Expositions a été vu planant au-dessus des bâtiments du Parlement. La machine était à une hauteur telle qu’elle permettait une bonne vue et on pouvait même discerner la silhouette de Peoli, l’aviateur. Toute l’attention était captée par le vrombissement de l’hélice pendant que l’appareil tournait autour de la ville.

À l’origine, il était prévu qu’il atterrisse sur le terrain situé devant les édifices du Parlement, mais pour une raison ou une autre, ce plan ne s’est pas concrétisé et une foule déçue a observé l’aviateur se diriger vers le terrain de la foire. [En effet, entourée de bâtiments et de tours sur quatre côtés, la pelouse devant l’édifice du Centre n’est pas un endroit propice pour un atterrissage — NDLR] »

Exploit difficile à égaler. Peoli a maintenu ses dernières démonstrations près de Lansdowne jusqu’à la fin de son séjour. Il modifie toutefois son spectacle le vendredi, comme l’indique l’Ottawa Citizen du 13 septembre :

« L’audacieux jeune aviateur a réussi un nouveau tour de force en piquant en flèche devant la grande tribune, restant toujours plus bas que le toit de la tribune, pour saluer les gens sur son passage. Il a ensuite grimpé, a fait un tour complet et a atterri directement en face du milieu de la tribune. »

La jeunesse de Cecil Peoli, « le chouchou des cieux » est visible sur cette photo de lui avec le bienveillant capitaine Tom Baldwin (bras croisés), prise trois semaines seulement après ses évolutions à Ottawa. Photo : the Bain collection at the Library of Congress

Peoli a effectué depuis Slattery’s Field son dernier vol à Ottawa le dimanche 14 septembre, dans ce que le Ottawa Citizen a qualifié du « seul élément positif » de la journée de clôture de l’exposition annuelle qu’on ne jugeait pas particulièrement brillante. Il quitte Ottawa en ayant marqué l’histoire locale et en ayant fait le bonheur de ses bons citoyens. Pour un autre deux ans, il continue à faire des démonstrations avec Red Devil pour Baldwin, mais en janvier 1915, il crée l’avionnerie Peoli Aeroplane Company avec un groupe d’investisseurs et remporte un contrat de la marine américaine pour la fourniture de neuf hydravions. De plus, sa société prévoit de produire un avion blindé pour les essais entre New York et Saint-Louis. Le jeune Peoli est désormais à l’aube d’une carrière fructueuse de concepteur et de constructeur d’avions, qui promet de lui apporter encore plus de respect et de richesse.

Le projet de Peoli pour ce contrat consistait d’un sesquiplan équipé d’un moteur Rausenberger de 150 chevaux et d’une aile de presque 15 mètres d’envergure sur l’extrados et presque 10 mètres d’envergure sur l’intrados. Il est fabriqué pour Peoli et les investisseurs de l’avionnerie Washington Aeroplane Company, qu’ils ont achetée. Lors de son premier vol d’essai sur le terrain d’aviation de l’armée américaine à College Park, dans le Maryland, le 12 avril 1915, l’avion s’est décomposé en vol et s’est écrasé au bord du terrain d’aviation après avoir échoué à grimper au-delà de 30 mètres. Le jeune et prometteur Cecil Peoli est tué sur le coup.

Deux ans après ses vols à Ottawa, à l’âge de 21 ans, il est tué instantanément dans l’accident d’un avion de sa conception (ci-dessus) à l’aéroport de College Park, au nord de Washington D.C. La société qu’il a créée avec le soutien de quelques importants hommes d’affaires new-yorkais est rapidement dissoute.

A Flying Publicity Stunt, October, 1913

Un mois plus tard, les citoyens et les politiciens de la capitale verront un autre aviateur dans le ciel de la ville et à Slattery’s Field, devenu l’aéroport officieux d’Ottawa. Mais il s’agira d’une démonstration d’un autre genre. Au lieu de divertir les habitants épatés en leur montrant leur première machine volante, un avion arrive en ville avec une mission à accomplir. En quelque sorte.

Jusqu’à présent, les avions Red Devil qui ont volé à Ottawa en 1911 et 1913 n’étaient que des pièces d’exposition et leurs pilotes - Hammond et Peoli - les mettaient à l’épreuve simplement pour démontrer aux clients payants leurs prouesses. Tout au plus, ils emmenaient parfois un passager dans l’avion pour lui faire vivre des sensations fortes. Depuis 1903 et le premier vol de Wright, la démonstration de vol est la principale mission des avions et de leurs « hommes-oiseaux ». Nombre de ces hommes-oiseaux ou aéronautes, comme on les appelait également, ont pu constater la progression constante du développement technologique. Les avions, bien qu’à des années-lumière de la fiabilité d’aujourd’hui, renforçaient cette fiabilité à chaque nouvelle conception. En particulier, la technologie des moteurs aéronautiques se développe rapidement. Les pilotes effectuent des vols de plus en plus longs, relient des villes et étendent leur réseau. De plus, les prix offerts par des hommes d’affaires aisés et des journaux qui recherchent un plus grand nombre de lecteurs favorisent le développement.

Des hommes comme Thomas Baldwin, Lee Hammond et George Mestache avaient réussi à réjouir le public dans des villes et même des villages à travers le pays, mais lorsqu’ils avaient conclu leurs contrats, ils pliaient leurs tentes, démontaient et emballaient leurs « aérodromes » avant de se rendre dans la ville suivante par train. Ils montraient ainsi à tous une nouvelle façon de voyager, mais la fiabilité et l’autonomie de leurs machines les obligeaient à adopter cette approche « bimodale ». En 1911, J. A. D. McCurdy, le premier pilote canadien, avait effectué le premier vol océanique au monde (de la Floride à Cuba) et le premier vol interurbain au Canada (de Hamilton à Toronto). Pourtant, en 1913, aucune province canadienne n’avait été reliée par voie aérienne, une situation qui allait bientôt changer.

En 1913, le seul moyen pour les gens d’obtenir des informations communautaires, nationales ou internationales dépendait de la disponibilité des journaux. Chaque ville possédait de nombreux journaux grand format publiés tous les jours de la semaine, sauf le dimanche, et chaque petite ville ou village publiait ses propres journaux à petit tirage. Avec l’avènement de la télévision et de l’Internet, cette époque est révolue depuis longtemps, mais en 1913, il y avait toujours de la place pour un autre journal grand format dans une ville aussi grande que Montréal. C’est dans ce marché surchargé d’informations que des investisseurs et des rédacteurs en chef s’apprêtent à lancer un nouveau quotidien grand format, le Montréal Daily Mail, un journal aux tendances royalistes désireux de maintenir des liens culturels étroits avec le Royaume-Uni. Il a comme objectif de devenir un journal national comme l’Evening Star ou le Globe de Toronto.

Avec le grand nombre de journaux à Montréal, tant français qu’anglais, il serait difficile de se faire remarquer. La direction a donc imaginé un coup de publicité qui attirerait l’attention et ferait remarquer le Daily Mail par l’élite politique du Canada, actuellement installée à Ottawa, à 160 km à l’ouest. Le plan prévoyait qu’un avion et un pilote viendraient récupérer des exemplaires du premier numéro du journal, fraîchement imprimés, et les transporteraient à Ottawa où ils seraient livrés à l’ancien premier ministre Wilfred Laurier, au premier ministre Robert Borden, au juge en chef Charles Fitzpatrick et au maire d’Ottawa, l’honorable James A. Ellis, député provincial. L’équipe de marketing partait du principe que d’autres journaux publieraient l’exploit et que la nouvelle circulerait en conséquence. Cependant, on n’avait pas prévu la réticence des journaux montréalais à publier un article positif sur leurs concurrents. Dans un article publié dans la Gazette de Montréal 104 ans plus tard, en 2017, le journal a reconnu avoir évité le coup de publicité et tout ce qui avait trait au Daily Mail [sauf probablement son échec quatre ans plus tard - NDLR] :

« On a annoncé à grand fracas de publicité qu’il s’agissait du premier vol transnational au Canada et du premier transport de marchandises dans ce pays. Mais pas un mot sur cet exploit historique n’a été publié dans The Gazette, ni le jour même, ni le lendemain. La raison ? Le vol était un tour de force parrainé par un tout nouveau journal montréalais, le Daily Mail, pour marquer ses débuts, et The Gazette ne souhaitait pas donner de publicité à ce nouveau venu - quelle que soit l’importance de l’article qu’il s’agissait d’ignorer. »

Pour acheminer les journaux par avion, on a retenu les services d’un aviateur expérimenté de Grinnell, dans l’Iowa, du nom de William C. « Billy » Robinson, qui a effectué le vol dans son biplan tracté Lillie-Vought, en suivant la rivière des Outaouais et la « boussole de fer » [ligne ferroviaire] de la banlieue de Montréal à celle d’Ottawa. Ils publient ensuite des annonces d’une demi-page dans l’Ottawa Journal et le Citizen afin de susciter l’enthousiasme des Ottaviens pour l’arrivée du nouveau journal par voie aérienne. Le vol est prévu pour le 8 octobre 1913, le jour même où les presses du Daily Mail tourneront pour la première fois

Le Montreal Daily a publié des annonces d’une demi-page dans les deux quotidiens grand format d’Ottawa, le Journal et le Citizen. Si les journaux ont accepté les forfaits publicitaires du Daily Mail, ils ont été moins enclins à célébrer le succès de leur concurrent. Image via Newspapers.com

Iowan William Cornelius “Billy” Robinson, “Bird Man of the Prairie”, was one of a numberPlus grands que nature, William Cornelius « Billy » Robinson, « l’homme-oiseau de la prairie », originaire de l’Iowa, était l’un des nombreux pionniers de l’aviation aujourd’hui oubliés. Il a parcouru l’Amérique du Nord dans le genre des artistes de cirque effectuant des démonstrations de vol piloté au grand plaisir des spectateurs allant d’Ottawa en Ontario jusqu’à Ottawa, au Kansas. À droite : dans le numéro du 28 décembre 1915 du Grinnell Herald, toujours prêt à promouvoir l’utilité de l’aviation, on voit Billy Robinson livrer un échantillon de 2 livres d’Amber Rice de la société Sam Nelson Jr. Company à Eugene Handy, le « roi du pop-corn » d’Iowa City. Robinson a parcouru la distance de 65 miles en 46 minutes. Il faudra attendre encore 45 ans pour la première livraison Fedex.

Ils choisissent comme point de décollage un champ près de la communauté agricole de Snowdon Junction, à l’ouest de Montréal. Selon un article de journal, Robinson avait repéré son terrain de départ à Snowdon Junction, pris le train jusqu’à Ottawa pour reconnaître son terrain d’atterrissage et avait ensuite conclu qu’il pouvait faire le voyage en 90 minutes sans arrêt. En réalité, il aura besoin de deux fois plus de temps de vol et devra atterrir cinq fois en cours de route. Le plan initial prévoyait que Robinson décolle et, au lieu de se diriger directement vers Ottawa, tourne vers Montréal pour faire de son départ un spectacle en lui-même. Il doit faire le tour de Fletcher’s Field (aujourd’hui appelé parc Jeanne-Mance) à la base est du mont Royal avant de tourner vers l’ouest et de suivre la voie ferrée jusqu’à Ottawa.

Malheureusement, lorsque Robinson arrive sur le terrain près de Snowdon Junction, il découvre que son avion a été sérieusement endommagé pendant le transport ferroviaire depuis Chicago. Ses mécaniciens s’acharnent sur l’appareil, mais les retards l’obligent à annuler son projet de survol de Montréal et de Fletcher’s Field. Il aurait déclaré : « Dites aux gens qui m’attendent peut-être à Fletcher’s Field que je m’excuse de ne pas y être apparu ce matin, mais vous pouvez leur annoncer que je reviendrai d’Ottawa et que je leur offrirai une exposition qui vaudra la peine d’avoir attendu. »

William C. Robinson dans le biplan Lillie-Vought (parfois appelé Lillie Tracté) qu’il a utilisé pour son vol historique de Montréal à Ottawa afin de livrer une liasse de journaux du Montreal Daily Mail à la capitale nationale. Il a parcouru les 187 kilomètres en deux heures et 55 minutes, établissant ainsi le premier vol longue distance au Canada. Cet appareil rudimentaire est le premier avion conçu par Chance Milton Vought, dont la société du même nom concevra plus tard le chasseur Corsair de la Seconde Guerre mondiale et le magnifique chasseur à réaction F-8 Crusader. Le fuselage de ce biplan particulier n’est pas recouvert comme l’exemplaire que Robinson a apporté à Ottawa. Il pourrait donc s’agir d’un autre biplan. Magnificient Photo via avialogs.com

L’avion Lillie-Vought de Robinson à Snowdon Junction le 8 octobre 1913 avec le maire Lavallée de Montréal (deuxième à partir de la droite) et des cadres du Montreal Daily Mail réunis pour le départ de Robinson. Photo via Grinnell Public Archives

Selon les archives de la bibliothèque publique de Grinnell, cette photo représente Robinson à Montréal avec des écoliers et le biplan Lillie-Vought qu’il a piloté de Montréal à Ottawa. Il est possible que certains de ces enfants soient ceux des cadres du Daily Mail et d’autres dignitaires présents ce jour-là, car ils sont bien habillés comparés aux enfants de la ferme locale. Nous voyons ici le moteur French Gnome de 50 CV qui tractait l’avion. Selon la collection Harold E. Moorehouse Flying Pioneers Biographies de la Smithsonian Institution, Robinson « a commencé à faire voler [le 1er octobre] le Lillie tracté équipé d’un moteur Gnome de 50 CV à Cicero [Chicago], puis l’a emmené au Canada pour une exposition et des vols transnationaux ». Photo via University of Iowa

À Montréal, la brume s’est dissipée et Robinson prend en charge les journaux de B. A. McNabb, rédacteur en chef du Montreal Daily Mail. Bien que le Daily Mail ait tenté de se faire remarquer par son coup de publicité aérien, le journal disparaît en moins de quatre ans. Photo : PA-165980, National Archives of Canada

À Snowdon Junction, il est accueilli par les représentants du Daily Mail ainsi que par un entourage accompagnant le maire de Montréal, Louis-Arsène Lavallée. Il y a eu des discours et des séances de photos avec des dignitaires et leurs enfants avant que Robinson ne reçoive plusieurs exemplaires du premier numéro du nouveau journal, soigneusement roulés, qu’il rangea dans le cockpit avec lui.

Son honneur, le maire Lavallée est arrivé à 8 h 15, après avoir été « précipité jusqu’à Snowdon Junction en automobile ». Bien qu’il doive attendre quelques heures avant que le vol soit lancé, il est excité de voir un avion pour la première fois et semble plus enthousiaste que les autres personnes présentes. Il en profite pour prononcer un discours d’encouragement avant que Robinson ne démarre le moteur :

« Je ne peux pas laisser passer cette occasion sans faire quelques remarques. La plupart d’entre vous sont des journalistes et vous connaissez les difficultés des discours impromptus, mais laissez-moi vous dire que la ville de Montréal écoutera parler de ce vol d’avion avec grand plaisir. Cet événement marque une nouvelle ère dans le développement et la prospérité de notre belle ville. Un journal — et surtout un nouveau journal — n’est pas une entreprise comme les autres. Il peut faire beaucoup pour le bien et la prospérité d’un pays et d’une ville comme Montréal, mais il peut aussi faire beaucoup de mal. Cependant, d’après ce que je connais des cadres de ce nouveau journal, je crois qu’on peut s’attendre à ce que cette entreprise nous apporte les meilleurs résultats. »

Après avoir prodigué des éloges au Daily Mail pour sa tendance britannique, il s’est adressé à Robinson en lui disant d’un ton plutôt inquiétant :

« Je vous invite à remettre ces documents à l’administrateur de ce pays, au premier ministre du Canada et à Sir Wilfred Laurier, le chef de l’opposition. J’espère que vous resterez sain et sauf, car le travail que vous faites est celui d’un héros. »

À Snowdon Junction, le maire de Montréal, Louis-Arsène Lavallée, offre quelques mots de sagesse politique avant de souhaiter un bon vol à Robinson. J’ai d’abord cru que son Homburg ici était emporté par le vent, mais d’autres photos du moment montrent qu’il était coincé sur l’aile entre les fils. Photo via Grinnell Public Archives Photo via Grinnell Public Archives

Robinson répond « Je ferai de mon mieux », puis, en ayant assez des discours du maire, démarre immédiatement le moteur. Selon le journal, une douzaine d’hommes volontaires se précipitent pour aider à pousser l’avion et disparaissent rapidement dans un nuage de poussière. L’avion décolle vers le nord avant de virer pour survoler le champ où les dignitaires, les enfants et d’autres personnes agitent leurs mouchoirs en signe d’appréciation et de bonne chance. Il vire ensuite plein ouest, avec l’intention de traverser le Lac des Deux-Montagnes, comme on l’appelle aujourd’hui, puis de suivre la rive sud de la rivière des Outaouais.

Robinson au décollage à Snowdon Junction. Destination: OttawaMontreal Daily Mail Photo via Grinnell Public Archives

Il n’est pas allé bien loin. Quinze minutes après le décollage, un ennui de la conduite de carburant l’a contraint à s’arrêter à Lachine où il a passé deux heures à réparer le problème. L’un de ses mécaniciens avait suivi son vol en voiture pendant les premiers kilomètres et était rapidement sur les lieux. Une fois de retour dans les airs, il est contraint d’atterrir 20 minutes plus tard à Sainte-Anne-de-Bellevue pour réparer un fil de bougie d’allumage qui s’est détaché. C’est là qu’il achète deux sandwichs à une Française, qu’il juge « très bons ».

Robinson, moteur en marche, échappement fumant, s’apprête à décoller de Lachine, au Québec, après avoir réparé sa conduite de carburant endommagée. Photo via Drake University Digital Collection

Robinson décolle en direction d’Ottawa, tout probablement à Lachine. Photo via Grinnell Public Archives

Une fois les ennuis mécaniques corrigés et que la machine tourna rondement, il décolla en suivant la voie ferrée du Canadien Pacifique le long de la rivière des Outaouais pendant 25 minutes jusqu’au hameau de Choisy, à l’ouest de l’enclave anglaise de Hudson au Québec. Là, ses assistants avaient placé une énorme croix de toile blanche dans le champ d’un fermier pour marquer l’endroit où le carburant et un assistant l’attendaient. Robinson, qui avait consommé une grande quantité de carburant lors de ses arrêts imprévus à Lachine et à Sainte-Anne, a déclaré qu’il ne lui restait plus qu’un demi-litre d’essence lorsqu’il s’est posé pour faire le ravitaillement. Il a fait le plein rapidement et s’est dirigé vers Caledonia Springs an Ontario, entre les villes de VanKleek Hill et d’Alfred, où se trouvait une autre cache de carburant. En attendant que l’essence soit versée dans son réservoir à l’aide de jerrycans, il s’est rendu à l’immense hôtel blanc du Canadien Pacifique de Caledonia Springs pour déguster un verre de leur fameuse eau minérale.

Caledonia Springs, « The Old Canadian Sanitarium and Summer Resort » la plus importante station thermale du Canada — NDLR , s’enorgueillissait d’un majestueux hôtel du CP blanc mettant en vitrine un embellissement minutieux et somptueux, avec un porche panoramique sur trois étages où les visiteurs pouvaient se détendre à l’ombre tout en prenant les eaux pour lesquelles le spa était réputé. On peut imaginer ce Robinson taché d’huile de ricin et vêtu d’un ciré, assis sur un fauteuil en rotin sous le portique principal, en train de se désaltérer à l’aide un grand verre de leurs fameuses eaux minérales. Photo : Library and Archives Canada

Après avoir fait le plein à Caledonia Springs, il a décollé pour suivre la voie ferrée jusqu’à Leonard Station (près de Navan en Ontario) où il s’est ravitaillé pour la dernière fois. La description de la réaction des habitants dans le Montreal Daily Mail mérite d’être lue :

L’un des événements les plus excitants de l’histoire de Leonard Station, en Ontario, a eu lieu à 16 h 30 hier lorsque l’aviateur Robinson a effectué son quatrième [sic] et dernier atterrissage en route vers Ottawa…

.... Le visage encrassé d’huile, l’aviateur Robinson descend de l’avion, entouré d’un groupe d’hommes experts en agriculture, mais qui n’avaient jamais vu d’aéronef. Ils étaient à la fois silencieux et émerveillés. George Conway, le préposé à l’essence, se précipite sur les lieux, aide l’aviateur crasseux à faire le plein une fois de plus et, vingt minutes plus tard, les pales de l’hélice se remettent en route et l’avion disparaît en direction d’Ottawa, laissant les bonnes gens de Leonard dans un état de réflexion approfondie.

La première page du volume 1, no 2 du Montreal Daily Mail, vante les mérites du vol historique de la veille. Image via Avialogs.com

La page 2 de l’édition du 9 octobre du Montreal Daily Mail présente une carte de l’itinéraire de Robinson montrant le maire de Montréal Lavallée à droite et le maire d’Ottawa Ellis à gauche. Visiblement, cette carte a été créée bien avant le vol réel puisqu’elle représente un monoplan Blériot alors qu’en réalité, Robinson pilotait un biplan Lillie-Vought. Les photos ci-dessous montrent les destinataires des journaux expédiés par avion : l’ancien premier ministre Wilfred Laurier, le premier ministre Robert Borden et le juge en chef Charles Fitzpatrick.

Une photo de Bibliothèque et Archives Canada prétend avoir été prise pendant le vol de Robinson entre Montréal et Ottawa — probablement lors de l’arrêt de ravitaillement en carburant à Caledonia Springs, dans le champ d’un fermier entre Vankleek Hill et Plantagenet, en Ontario. C’est tout probablement le panneau à charnière du capot du moteur qui a été ouvert pour inspecter le niveau d’huile qui reflète la lumière sur cette photo. Photo via oldottawasouth.ca, Peter Pigott and Library & Archives Canada/PA-165978

Une image floue tirée du Montreal Daily Mail du 11 octobre 1913 montre un groupe de garçons et de fermiers inspectant la machine volante pendant que Robinson est ravitaillé en carburant à Caledonia Springs. On ne peut qu’imaginer l’excitation du groupe. Photo : Montreal Daily Mail

Dès le moment où il a décollé de Leonard Station et grimpé dans le ciel, les nuages et les brumes qui l’avaient poursuivi tout au long de la journée se sont dissipés :

« Sur les 29 kilomètres depuis Leonard, je pouvais voir le paysage assez bien, car la brume s’était beaucoup dissipée. La première fois que j’ai reconnu la capitale, c’est lorsque j’ai aperçu le grand coude que trace le lit de la rivière et les imposantes édifices du Parlement. Ils sont bien visibles. Soit dit en passant, la superficie de cette partie du pays couverte par l’eau est bien plus importante que ne le montre ma carte. J’ai ensuite discerné le Château Laurier et la concentration des maisons et autres bâtiments de la ville. J’ai d’abord repéré le parc des expositions [Lansdowne Park], puis la piste d’athlétisme d’un kilomètre. C’est le repère que l’on voit toujours bien. Les pistes paraissent claires parce qu’elles reflètent la lumière par rapport au vert foncé de l’herbe et au vert plus foncé des arbres. Je me suis dirigé vers le terrain d’exposition, mais j’ai vu des gens partout sur le terrain. J’ai donc pensé qu’il n’était pas très prudent d’atterrir par l’est comme je devais le faire, car le vent soufflait de l’ouest, alors j’ai fait demi-tour et je suis retourné vers le terrain, mais de l’autre côté du canal. »

Son arrivée tardive semble avoir coïncidé avec un entraînement de l’équipe de football des Ottawa Rough Riders. De plus, Robinson estima que les vents n’étaient pas propices à un atterrissage à cet endroit. Il fit donc demi-tour vers l’est et se prépara à atterrir à Slattery’s Field, dont il avait sans doute entendu parler lors de son voyage de reconnaissance à Ottawa.

« C’est là, au moment de l’atterrissage, que j’ai vécu l’une des expériences les plus palpitantes de tout le voyage. Il y avait un cheval dans le champ, mais je comptais m’approcher de l’autre côté et l’éviter. Lors de ma descente cependant, l’animal s’est précipité devant moi, et j’ai dû lever une aile et faire un virage très serré pour ne pas le heurter. Dans les autres champs, il y avait du bétail, mais je n’ai pas eu de problème avec eux. »

A photo of the Lillie-Viought biplane, possibly taken at Slattery’s Field, Ottawa.

Alors que l’Ottawa Journal accepte volontiers les dollars publicitaires du Montreal Daily et enfouit un court article dans le journal le 9, l’Ottawa Citizen publie un article plus long sur le vol [qui n’était pas encore terminé au moment de l’impression] à la une de l’édition du soir du 8 octobre :

VOL EN AVION MONTREAL-OTTAWA

Sur son chemin l’aviateur du journal connait quelques difficultés

À l’heure où nous mettons sous presse, l’avion transportant les premiers exemplaires du Daily Mail de Montréal, le nouveau journal montréalais, n’était toujours pas encore arrivé.

MÉSAVENTURE À LACHINE

« L’aviateur William Robinson est parti avec son monoplan [Il s’agissait en fait d’un biplan Lillie-Vought - NDLR] de Montréal à 9 h 40 et il s’est rendu jusqu’à Lachine, où son appareil a connu des ennuis et il a dû atterrir pour le réparer. Il a décollé de nouveau vers midi et, selon des informations ultérieures, il avançait bien vers Ottawa. Sans autre ennui technique, il devrait atterrir ici entre 14 h 30 et 15 h. »

Il devait arriver au parc Lansdowne à midi pile, où il serait accueilli par le maire Ellis et d’autres dignitaires de la ville et du gouvernement à qui il remettrait de main propre les exemplaires du nouveau journal.

UNE FOULE NOMBREUSE ATTENDAIT

La nouvelle de cette tentative inédite de livrer des journaux d’une ville à une autre par avion a suscité un vif intérêt dans toute la ville. Vers 11 h, l’avant-garde d’une foule qui comptait déjà plusieurs centaines de personnes à midi a commencé à remplir le parc. Beaucoup sont venus en voiture. Les tramways ont aussi été très achalandés.

Le maire Ellis était sur place un peu avant midi, prêt à accueillir Robinson et à recevoir son exemplaire, tout frais, du quotidien. Une vingtaine de journalistes, représentant autant de journaux influents établis de longue date dans le Dominion, étaient également présents, visiblement impatients de jeter un coup d’œil sur leur nouveau rival. Plusieurs photographes se sont installés à différents endroits sur le terrain, prêts à prendre un cliché de la machine dès qu’elle amorcerait son atterrissage sur le terrain de football. La plupart des spectateurs sont rentrés chez eux pour le repas du midi et sont revenus plus tard dans l’après-midi.

BRUMEUX AU DÉPART

Robinson était prêt à quitter Montréal avant 9 h, mais il en a été empêché en raison de l’épaisse brume qui recouvrait la ville et la campagne environnante. De plus, une brise assez forte qu’il ne voulait pas affronter soufflait à ce moment-là. Cependant, à 9 h 40, il a réussi à décoller, car la brume s’était considérablement dissipée et le vent était tombé.

Robinson passe à Hudson, à quelque 60 kilomètres de Montréal vers Ottawa, à 13 h 25, en suivant le cours de la rivière des Outaouais.

En plus de l’article de la une, les rédacteurs du Citizen, dans leur section de commentaires, ont déclaré d’un ton plutôt boudeur que :

« La livraison de journaux par avion est une publicité initiale capitale, mais on ne peut s’empêcher de craindre qu’elle succombe au service fiable du petit garçon livreur de journaux, qui n’a encore jamais rencontré de concurrent sérieux dans ce secteur d’activité particulier. C’est pourquoi ledit petit porteur peut considérer l’arrivée de la nouvelle méthode aujourd’hui avec une curiosité sans la crainte de perdre son emploi. »

Le 9 octobre 1913, l’Ottawa Journal, moins élogieux et peut-être jaloux, publie un bref article à propos du coup de publicité de la livraison par avion et l’enfouit à la page 11 :

LIVRE LES JOURNAUX PAR AVION

Le premier ministre Borden reçoit le Daily Mail par avion.

« Le Montreal Daily Mail, le nouveau journal qui a fait son entrée hier sur le marché du journalisme canadien a effectué sa première livraison par avion à Ottawa vers 17 h, lorsque l’aviateur Wm. Robinson a atterri à Slattery’s Field, Ottawa Est, après un vol en provenance de Montréal. L’aviateur avait prévu atterrir au parc Lansdowne, devant la tribune, mais en raison de son arrivée tardive, il a constaté qu’il lui serait impossible d’atterrir à cet endroit, car le terrain était occupé par un entraînement de football.

L’avion, qui devait arriver à Ottawa hier à midi, a subi un ennui technique à Lachine, au Québec, peu après avoir quitté Montréal. L’aviateur Robinson a dû atterrir lui causant un retard de deux heures, le temps d’effectuer les réparations nécessaires. Le courrier provenant d’Ottawa contenait quinze documents, dont quatre ont été remis respectivement au premier ministre Borden, à sir Wilfred Laurier, à sir Charles Fitzpatrick et au maire Ellis.

En outre, la section éditoriale contient un commentaire d’une phrase qui semble se moquer de l’audace du Daily Mail : « Le premier numéro du Montreal Daily Mail, le nouveau quotidien du matin à un sou dans la métropole, semblait assez flamboyant hier. Nous ne voyons pas pourquoi l’homme-oiseau a connu tant d’ennuis. »

En plus de la plaque apposée sur l’édifice de la centrale électrique, une autre plaque rappelle cette époque visionnaire pour Ottawa : une rue de banlieue, située à proximité de l’aéroport d’Ottawa, a été baptisée en l’honneur de cette humble prairie qui a connu ces événements il y a plus de 110 ans. Photo : Dave O'Malley

Après ses aventures en vol, Robinson a réservé une chambre au Château Laurier avec l’intention d’effectuer des vols d’exhibition au cours des deux jours suivants. Le lendemain, comme le rapporte le Ottawa Citizen, il décolle de Slattery’s Field peu avant midi pour un vol d’exhibition au-dessus de la ville. Il commence tout juste à grimper lorsque le moteur du modèle Gnome « cafouille » et il est forcé d’atterrir à nouveau sur le terrain. Selon un témoignage, son avion Lillie-Vought a subi des dommages lors de l’atterrissage.

Avant le vol de Robinson vers Ottawa, le Daily Mail avait publié une annonce d’une demi-page dans la Montreal Gazette, dans laquelle il était indiqué qu’il reviendrait à Montréal par avion le 9 octobre et réaliserait des démonstrations au-dessus de la ville, mais aucune mention dans les journaux confirme que ces démonstrations ont eu lieu. Le 10 octobre, le Daily Mail mentionne brièvement que Robinson devait faire une démonstration de vol à Ottawa le mardi 14 octobre, puis préparer son avion pour le transport vers Montréal afin d’y faire d’autres démonstrations de vol. Malgré la promesse de Robinson à ceux qui ont été déçus à Fletcher's Field, il ne semble pas être revenu par avion, ni même par train.

Le Daily Mail ne publiera son journal probritannique dans une ville francophone que pendant quatre années supplémentaires. Il ferme ses presses en août 1917. Peut-être que le taux de mortalité de Québécois morts sous le commandement d’officiers généraux britanniques pendant la Grande Guerre en Europe a précipité sa disparition. Le journal a cependant survécu la disparition de Bill Robinson. Comme le jeune aviateur Peoli, il mourra dans l’écrasement d’un avion qu’il avait lui-même conçu.

Si le vol de Robinson n’a pas suffisamment attiré l’attention du Daily Mail pour le propulser vers la haute stratosphère des publications de la presse, il a marqué une étape importante dans l’histoire de l’aviation canadienne. Il s’agit en effet du premier vol transcanadien à relier deux provinces par voie aérienne.

Après sa visite au Canada, il retourne dans le Midwest américain où, dans sa ville natale de Grinnell, dans l’Iowa, il crée une avionnerie appelée The Grinnell Aeroplane Company. Il conçoit et construit deux avions : un monoplan à aile parasol appelé Scout et un biplan. Pour ses avions, il conçoit également des moteurs radiaux à 6 cylindres de 60 et 100 chevaux. Un an après son vol vers Ottawa, le 17 octobre 1914, après avoir établi un nouveau record américain de distance sans escale en parcourant 630 kilomètres en quatre heures et quarante minutes à bord de son Grinnell-Robinson Scout, Robinson devient le deuxième transporteur de poste aérienne officiellement nommé aux États-Unis.

Robinson à Grinnell en Iowa avec son monoplan GrinnelI IIA (également appelé Grinnell-Robinson Scout) qu’il a conçu et construit en 1915, propulsé par un moteur radial de 60 ch de sa propre conception. Il s’agit du premier avion à être construit dans cet état américain. Photo: Child of Grinnell

Conçu en 1915, au cours de grande guerre, le Scout Grinnell-Robinson n’a jamais progressé au-delà du stade prototype.

A top Vue de haut, le Grinnell-Robinson Scout semble ne pas avoir d’ailerons. La photo a probablement été prise depuis le toit du bâtiment de la Grinnell Aeroplane Company.

Robinson roule au sol aux commandes de son monoplan Scout dans l’herbe haute près du hangar-usine de la Grinnell Aeroplane Company.

Voici le deuxième projet de Robinson, le biplan Grinnell-Robinson. Sa performance semble impressionnante puisqu’il s’est rendu à plus de 5000 mètres d’altitude.

Le 11 mars 1916, à 15 h 30, Billy Robinson sort son biplan Grinnell-Robinson fraîchement achevé de son hangar de l’aérodrome de Grinnell, dans l’Iowa, et grimpe dans l’air glacial, déterminé à dépasser le record d’altitude américain existant, qui est de 5200 mètres. Auparavant, il avait fait monter son biplan Grinnell-Robinson à plus de 4300 mètres et ce jour-là, il était déterminé à établir un nouveau record d’altitude. Tout en grimpant, il dérive vers le sud-est en direction de la ville d’Ewart.

La nouvelle de cette tentative de record d’altitude a fait le tour de Grinnell et de nombreux habitants et fermiers l’observent monter de plus en plus haut, jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’une tache dans le ciel. Mais pendant que les fermiers le suivaient dans le ciel nuageux au-dessus d’Ewart, ils virent son « avion tomber du ciel comme une feuille. Il tombait en vrille et en plongeant de façon irrégulière, comme si une main essayait en vain de le contrôler. L’avion s’est écrasé avec fracas dans un champ près d’Ewart ».

Billy Robinson mourra dans l’accident et sinistrement son corps brisé fut retiré de l’épave et photographié pour faire l’objet d’une carte postale macabre à vendre. L’accident a également éliminé toute contribution que Grinnell Aircraft Company aurait pu apporter à l’avenir économique de cette ville de l’Iowa. En l’espace de quelques années, l’entreprise ferme ses portes.

La carte postale macabre de l’Iowa exhibant le corps de Robinson après son accident. Historic Iowa Postcard Collection, Special Collections and Archives, Grinnell College Libraries.

En coulisse
Six degrés de séparation à l’ère des pionniers

En 1913, des centaines de pilotes qualifiés en Amérique du Nord partageaient un même ADN aéronautique. Max Lillie, qui a participé à l’évolution de l’avion de Robinson, avait également donné à l’Iowan un an avant son vol historique sa formation de pilote. Entrepreneur, instructeur de vol et pilote d’origine suédoise, Lillie a également formé Katherine Stinson comme pilote. Cette dernière entrera dans l’histoire de l’Ouest canadien en 1918 en effectuant un vol de Calgary à Edmonton (une distance de 300 kilomètres) et en réalisant le premier vol de la poste aérienne dans l’Ouest canadien.

Voilà Max Lillie (au centre) au visage d’ange, peut-être en train d’apprendre à piloter, qui est en compagnie d’un autre pionnier de l’aviation, Bob Fowler (à droite). Ce dernier est la première personne à effectuer un vol transcontinental d’ouest en est (par étapes), qu’il a commencé en septembre 1912 à San Francisco et achevé cinq mois plus tard, en février 1913. L’homme à gauche est le célèbre lutteur Frank Gotch. Photo: Wikipedia

Billy Robinson (à gauche) apprend à piloter aux commandes d’un Wright Flyer en 1912 avec l’instructeur Max Lillie, un entrepreneur et pionnier suédois. Lillie s’est associé à un autre pionnier, Chance Vought, pour créer l’avion que Robinson allait utiliser pour apporter les journaux du Daily Mail à Ottawa. Quelques semaines avant le vol de Robinson à Slattery’s Field, Max Lillie meurt dans un accident d’avion en Illinois. Max Lillie avait notamment formé Katherine Stinson comme pilote. Elle n’était que la quatrième aviatrice en Amérique, mais elle a conquis le cœur des Américains. Elle a également été la première pilote de la poste aérienne pour Edmonton, en Alberta.

« Sûr et sain d’esprit ! » Max Lillie, le pionnier suédois-américain de l’aviation, s’est servi d’une photo le montrant donnant de l’instruction à Katherine Stinson sur un Wright Flyer à Cicero Field, à Chicago, dans cette publicité parue en 1912 dans Aerial Age, un des tout premiers magazines spécialisés dans l’aviation. Image via Chicagology.com

Katherine Stinson, connue sous le nom d’écolière volante, était l’une des aviatrices les plus populaires des premières années de l’aviation. Elle a été la première femme à effectuer un looping en Amérique et la première femme à voler en Chine et au Japon. Contrairement à son instructeur Max Lillie, elle a connu une carrière plus longue en tant que pilote cascadeuse et pilote de courrier aérien, dont elle s’est retirée prématurément pour des raisons de santé. Décédée en 1977, elle a vécu relativement longtemps et a été intronisée à titre posthume au National Aviation Hall of Fame en 2019. Une réplique de l’avion Curtiss-Stinson Special [et non pas l’avion sur cette photo] qu’elle a piloté lors du premier vol postal aérien en Alberta se trouve à l’Alberta Aviation Museum d’Edmonton. Pour visionner une magnifique vidéo sur Katherine Stinson, cliquez ici. Son succès et sa célébrité dans les airs ont incité son frère Eddie à créer la légendaire avionnerie Stinson Aircraft Company.

Le terrain de Slattery a accueilli Billy Robinson, qui a formé Max Lillie comme pilote, lequel a enseigné à Katherine Stinson, responsable du premier courrier aérien à Edmonton, en Alberta. Il est donc évident qu’au cours des premiers jours de l’aviation, il n’y avait que quelques degrés de séparation entre les pionniers qui nous ont donné le coup d’envoi à l’aviation au Canada. Photo via New Mexico History Museum


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